Climat

Où vont aller les réfugiés climatiques ?


La capacité à mobiliser la population dans des activités de plaidoyer est une des caractéristiques des organisations anglo-saxonnes. Tel est le cas de SCIAF, la Caritas écossaise, petite structure de 25 salariés centrée à 100% sur les questions de développement au Sud et qui a dans son équipe un responsable du plaidoyer et un responsable des campagnes.

A propos du changement climatique elle lance en 2008 un appel à tous les citoyens pour qu’ils écrivent une lettre à leurs parlementaires à partir du modèle proposé et largement distribué par courrier, ou diffusé sur internet :

«Le changement climatique arrive et cause des souffrances disproportionnées aux plus pauvres et aux plus vulnérables habitants de notre planète alors que ce sont eux qui en sont le moins responsables.

Le projet de loi relative au changement climatique est une bonne chose comme l’engagement de l’Ecosse à prendre sa part de ce challenge.

Je vous prie de soutenir l’incorporation des éléments suivants :

1. Définir des objectifs appropriés :

2. Mettre en place des mécanismes de transparence et de responsabilité. Publier un budget annuel CO2 et charger quelqu’un de le mettre en œuvre.

3. Mettre en place des stratégies honnêtes et durables de réduction des émissions, qui participent au développement durable et n’ont pas d’effets contraires sociaux ou écologiques pour les pays en développement.


L’Ecosse peut et doit faire de son mieux pour prévenir des changements climatiques qui minent tout progrès vers l’élimination de la pauvreté. Merci de soutenir une loi de progrès.

Je me réjouis par avance de vos commentaires et vous renouvèle mes vœux pour un monde débarrassé de la pauvreté. »


Et cela marche. Ce type de campagne a des effets visibles. C’est ainsi par exemple que le gouvernement de Tony Blair s’est peu à peu mobilisé pour les annulations de dettes à la fin du vingtième siècle.


La pédagogie de Caritas s’exprime aussi par des activités concrètes mobilisant des jeunes comme en Estonie où une sensibilisation aux questions écologiques se développe via la rénovation, dans le Nord-est, d'une maison destinée à accueillir un centre de jeunes, avec utilisation extensive de méthodes « vertes ». Cette région le long de la mer baltique a été massacrée par des usines à la soviétique dont une d'enrichissement d'uranium. L'Union européenne y a financé la couverture de la décharge de minerai par une énorme colline de terre.


En avril 2007 une Conférence sur le changement climatique et le développement est organisée par le Conseil pontifical Justice et Paix. Bien étrange situation. La conférence est victime d’une tentative de manipulation par les représentants des « sceptiques » ou des lobbies. Manifestement la liste des invités n’a pas été bien contrôlée.

Un physicien nucléaire italien, le professeur Antonino Zichichi, connu pour ses idées un peu fondamentalistes, met en avant la complexité des questions relatives au changement climatique et attaque les modèles d’évolution reconnus internationalement. Il est suivi par le professeur américain Fred Singer qui émet des doutes sur le caractère empirique des recherches sur le changement climatique. La tension monte car il est critiqué pour ses liens avec l’industrie du tabac et les sociétés pétrolières !

Un théologien américain explique que l’extraction du pétrole consiste aussi à faire remonter à la surface de la terre les corps fossilisés de plantes et animaux qui en sont la source. Ainsi l’homme les réintroduit-ils dans un processus de résurrection, à l’image du Christ ! Remous dans la salle. Ma surprise est que le cardinal Martino qui préside ne dit rien, pas même un léger raclement de gorge.

La conférence est donc polluée par ces prises de position. Elle continue cependant vaillamment grâce aux apports de divers experts français et britanniques. Plusieurs évêques anglicans et luthériens contribuent à la qualité des travaux. Et courageusement, une femme masaï du Kenya décrit les changements dans ses réalités de vie du fait de la sécheresse aggravée, sous les quolibets des sceptiques.

En conclusion devant la presse, le cardinal Martino invite à l’action dans la ligne de l’intervention de l’ambassadeur argentin Raul Estrada Oyuela, le diplomate qui conduisit les négociations du Protocole de Kyoto et qui appelle les pays développés à plus d’ambition et de courage 


J’avais été fortement sensibilisé au sujet, un an auparavant, en Nouvelle Zélande lors de la Conférence régionale de Caritas Océanie.

Quel vent ! J’arrive de Paris via Sidney. L’avion plane comme une feuille d’automne pour atterrir à Wellington. « Windy Wellington » - Wellington la venteuse - m’ont inlassablement répété des amis Australiens. Ils ont oublié le froid ! Et il fera froid pendant presque tout le séjour. C’est l’hiver. Une tempête fait rage. Et en prime il parait qu’un gros iceberg remonte du sud et rafraîchit le climat.

Le sujet principal est le changement climatique ! La région Océanie pousse cette question dans la confédération.

Le Père Michael MacKensie de Kiribati présente la situation dans son pays, un archipel situé à la fois en Polynésie et en Micronésie, entre les îles Marshall et Hawaï au nord et les îles Salomon. Le Kiribati est composé de 33 îles dont l’altitude varie entre deux et trois mètres. La température de l’eau a augmenté depuis 1950, passant de 28° à 29°.

Ces îles sont très vulnérables au réchauffement climatique jumelé à des destructions de l’environnement. Déjà les grandes marées font des dégâts importants. Le stock de poisson baisse. Les pluies sont plus rares et l’agriculture est affectée. Où vont aller les réfugiés de l’environnement ?


L’assemblée générale de Caritas Internationalis de 2007 porte une attention particulière à ce sujet essentiel pour l’avenir de l’humanité et qui fait maintenant l’objet de travaux concrets du réseau, intégrant ces questions aux programmes. « L’augmentation de la population mondiale et les exigences croissantes des consommateurs ont eu un impact fort sur l’exploitation de l’environnement, le laissant plus fragile que jamais. La population des pays riches détruit l’environnement à force de consommation excessive alors que la population des pays pauvres surexploite les ressources pour simplement survivre. »


Cet axe de travail se poursuit. La secrétaire générale, Lesley-Anne Knight, prend la parole à Genève devant le Forum humanitaire global lors de sa session sur le changement climatique, fin juin 2009, présidée par Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations Unies.

« Il est nécessaire de développer la prise de conscience des effets du changement climatique sur tout ce que nous faisons. Cela n’aurait pas d’intérêt de mettre en place des programmes agricoles, des projets relatifs à l’eau, à la santé, aux migrations, à la paix, sans prendre en compte l’effet du changement climatique sur l’avenir de ces activités. »

L’aspect préventif doit être développé. «  Nous voyons la valeur de cette approche dans des lieux comme le Bangladesh où nous avons construit des abris anti cyclonique à la fois écoles et centre communautaires qui procurent un refuge sûr lorsque le désastre explose. »

Dans ce contexte et pour faire face aux challenges du futur, les gros consommateurs doivent accepter une diminution de leur niveaux de vie, « conduire de plus petites voitures, prendre moins de vacances à l’étranger, ne pas consommer des fruits et des légumes exotiques toute l’année, et peut être payer un peu plus d’impôt. »

Caritas Internationalis et Cidse publient une déclaration juste avant le sommet mondial sur le changement climatique de Copenhague de décembre 2009 pour demander que les pays industrialisés visent un objectif de réduction des émissions de gaz de 40% en 2020 par rapport aux niveaux de 1990 et s’engagent à limiter le réchauffement climatique bien en deçà de 2°.

De plus les pays développés doivent s’obliger à un financement public additionnel d’au moins 130 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour permettre aux pays en voie de développement de s’adapter aux impacts du changement climatique et mettre en place leur développement durable.