Croire en l’autre quand il vient d’ailleurs ? Enjeux de l’immigration pour un vivre ensemble


Diocèse de TROYES

27 novembre 2012


Journée animée par Denis Viénot

Secrétaire général de Justice et Paix

Président de Chrétiens en forum

Membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme





1ère intervention : Les phénomènes migratoires



2241 Catéchisme universel : «  Les nations les mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. »


Chaque année une journée mondiale du migrant et du réfugié qui permet de rappeler les engagements et les convictions des chrétiens, la spiritualité de leur engagement.

Pour le 13 janvier 2013, message «Migrations : pèlerinage de foi et d’espérance».

Trois extraits :



« Des chiffes contre les phantasmes » en France (Alternatives économiques, Les chiffres de l’économie 2013)



Demandeurs d’asile


2011

2010

ÉVOLUTION

(2011 / 2010 %)

Bangladesh

3 462

3 061

13,1%

Rép. Dém. Congo

2 827

2 616

8,1%

Arménie

2 651

1 278

107,4%

Sri Lanka

2 544

2 265

12,3%

Russie

2 205

2 424

-9,0%

Chine

1 991

1 805

10,3%

Haïti

1 831

1 500

22,1%

Kosovo

1 822

3 267

-44,2%

Guinée

1 598

1 712

-6,7%

Turquie

1 488

1 240

20,0%

Autres pays

18 045

15 763

14,5%

Sous total pays du top ten

22 419

21 168

5,9%

Total 1ères demandes

40 464

36 931

9,6%




Rapport Cimade, Migrations Etat des lieux 2012


  1. Quand l’Europe cadenasse ses frontières :


60% des migrations internationales sont Sud – Sud



  1. L’accueil des demandeurs d’asile en crise

En 2010 le nombre des demandeurs d’asile a augmenté de 60% par rapport à 2007 : 52700. Cela reste inférieur au chiffre de 2001.



  1. Entrée et séjour des étrangers : dissuasion à tous les étages

Taux de refus de visa à Alger en 2008, 44%

A Saint Petersburg, 2%



  1. Les étrangers « criminalisés, enfermés et expulsés

En 2010 74 000 étrangers ont été placés en garde à vue pour infraction à la législation sur l’entrée et le séjour

60 000 personnes placées en rétention2

Durée moyenne 10 jours

356 enfants en centre de rétention


Mais bien souvent, la loi continue d’être bafouée pour expulser massivement, tant que les hautes juridictions ne sanctionnent pas ces pratiques.

Ainsi, en 2010 et en 2011, la Cour de cassation, le Conseil d’État, la Cour de justice de l’Union européenne et la Cour européenne des droits de l’Homme ont condamné ces pratiques. Des piliers de la politique française d’immigration sont donc remis en question par les magistrats : interpellations abusives, enfermement en rétention trop systématique, pénalisation illégale du séjour irrégulier, et garde à vue injustifiée.



Amnesty International .Rapport 2012. Synthèse


Chapitre « Europe. Populations en mouvements », pages 64 & 65


Sur fond de bouleversements politiques en Afrique du Nord et au Moyen- Orient, des milliers de réfugiés et de migrants en quête de sécurité et d’un avenir sûr se sont lancés dans une dangereuse traversée maritime vers l’Europe à bord d’embarcations souvent bondées et impropres à la navigation.

D’après des estimations prudentes, au moins 1 500 hommes, femmes (dont certaines enceintes) et enfants ont péri noyés au cours d’une telle tentative. Plutôt que de prendre des mesures pour sauver des vies, par exemple en augmentant le nombre d’opérations de recherche et de secours, l’Union européenne (UE) a préféré renforcer les capacités de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex3) afin de dissuader ceux qui voudraient gagner l’Europe en traversant la Méditerranée. Selon certaines informations, les forces de l’OTAN n’ont pas secouru des personnes en perdition en mer, alors même que leur intervention en Libye était présentée comme une opération visant avant tout à éviter des victimes civiles.


Les pouvoirs publics ont eu largement recours au placement en détention à des fins de dissuasion et de contrôle, au lieu de n’utiliser cette mesure qu’en dernier ressort et de manière légitime.


De nombreux États européens, dont la France et le Royaume-Uni, ont par ailleurs refusé de réinstaller des réfugiés qui avaient fui la Libye en raison du conflit armé, alors même qu’ils étaient partie à ce conflit sous la bannière de l’OTAN.

Dans toute la région, des États ont continué de commettre des violations des droits humains en interpellant, en plaçant en détention et en expulsant des étrangers, même lorsque ces derniers avaient vocation à recevoir une protection internationale. Les pouvoirs publics ont eu largement recours au placement en détention à des fins de dissuasion et de contrôle, au lieu de n’utiliser cette mesure qu’en dernier ressort et de manière légitime.

Souvent, les dispositifs d’asile ne remplissaient pas leur rôle auprès des personnes en quête d’une protection. Ainsi, dans des pays comme l’Allemagne, la Finlande, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède ou la Suisse, la procédure de détermination du droit à l’asile était expéditive et ne garantissait pas que des personnes ne seraient pas renvoyées dans des endroits où elles risquaient d’être victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux.

Soucieux avant tout de négocier une nouvelle législation communautaire en matière d’asile, les États membres de l’UE n’ont pas remédié aux carences de leurs systèmes respectifs d’asile ni à celles des accords de renvoi des demandeurs d’asile vers le pays d’entrée dans l’UE.



Evolutions françaises, européennes et mondiales en cours


  1. Action du gouvernement français depuis l’élection de François Hollande


  1. Les réfugiés de l’environnement5

L’ONU appelle les Etats à favoriser les migrations liées à l’environnement, par son rapporteur spécial dans son premier rapport officiel sur le sujet.

Dans les années à venir ce sont les migrations climatiques qui risquent de poser le plus vivement la question des droits de l’homme.

D’ici à 2050 environ 200 millions de personnes pourraient devoir quitter leur foyer sous l’effet des conditions climatiques.

Et il y a un grand flou concernant leur statut juridique et de ce fait leurs droits. Les Etats devront mettre en œuvre des politiques nationales et régionales pour faciliter les migrations internes et externes, alors qu’ils ont souvent là une approche sécuritaire et défensive.


DV La Justice dans la peau, Paris, DDB, 2010

Où vont aller les réfugiés de l’environnement ? Page 75


J’avais été fortement sensibilisé au sujet, un an auparavant, en Nouvelle-Zélande lors de la Conférence régionale de Caritas Océanie.

Le sujet principal est le changement climatique ! La région Océanie pousse cette question dans la confédération. Le père Michael MacKensie de Kiribati présente la situation dans son pays, un archipel situé à la fois en Polynésie et en Micronésie, entre les îles Marshall et Hawaï au Nord et les îles

Salomon.

Le Kiribati est composé de trente-trois îles dont l’altitude varie entre deux et trois mètres. La température de l’eau a augmenté depuis 1950, passant de 28 à 29 degrés.

Ces îles sont très vulnérables au réchauffement climatique jumelé à des destructions de l’environnement. Déjà les grandes marées font des dégâts importants. Le stock de poisson baisse. Les pluies sont plus rares et l’agriculture est affectée. Où vont aller les réfugiés de l’environnement ?


« Il est nécessaire de développer la prise de conscience des effets du changement climatique sur tout ce que nous faisons. Cela n’aurait pas d’intérêt de mettre en place des programmes agricoles, des projets relatifs à l’eau, à la santé, aux migrations, à la paix, sans prendre en compte l’effet du changement climatique sur l’avenir de ces activités. »

L’aspect préventif doit être développé. « Nous voyons la valeur de cette approche dans des lieux comme le Bangladesh où nous avons construit des abris anticyclonique à la fois écoles et centre communautaires qui procurent un refuge sûr lorsque le désastre explose. »

Dans ce contexte et pour faire face aux challenges du futur, les gros consommateurs doivent accepter une diminution de leurs niveaux de vie, « conduire de plus petites voitures, prendre moins de vacances à l’étranger, ne pas consommer des fruits et des légumes exotiques toute l’année, et peut-être payer un peu plus d’impôt ».6

Caritas Internationalis et Cidse publient une déclaration juste avant le sommet mondial sur le changement climatique de Copenhague de décembre 2009 pour demander que les pays industrialisés visent un objectif de réduction des émissions de gaz de 40 % en 2020 par rapport aux niveaux de 1990 et s’engagent à limiter le réchauffement climatique bien en deçà de 2 degrés.

De plus, les pays développés doivent s’obliger à un financement public additionnel d’au moins 130 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour permettre aux pays en voie de développement de s’adapter aux impacts du changement climatique et mettre en place leur développement durable.


  1. Panorama HCR 2011

Tendances mondiales 2011 HCR


Principaux pays d’origine des réfugiés fin 2011


Afghanistan 2 664 400

Iraq 1 428 300

Somalie 1 077 000

Soudan 500 000

RdCongo 491 500

Myanmar 414 600

Colombie 395 900

Viet Nam 337 800

Erythrée 252 000

Chine 205 400


Principaux pays d’accueil des réfugiés fin 2011


Pakistan 1 702 700

Rép. Islamique d’Iran 886 500

Rép. Arabe syrienne 755 400

Allemagne 571 700

Kenya 566 500

Jordanie 451 000

Tchad 366 500

Chine 301 000

Ethiopie 288 800

Etats-Unis d’Amérique 264 800



Quelque 4,3 millions de nouvelles personnes ont été déracinées par un conflit ou la persécution.

Parmi elles, plus de 800 000 avaient traversé des frontières internationales comme réfugiés, le chiffre le plus élevé en dix ans. Les quelque 3,5 millions restants étaient nouvellement déplacées au sein des frontières de leurs pays respectifs, soit une hausse de 20 % par rapport à 2010.


Fin 2011, 25,9 millions de personnes –10,4 millions de réfugiés et 15,5 millions de déplacés internes –recevaient protection et assistance du HCR, soit 700 000 personnes de plus qu’en 2010.


On estime que l’apatridie touchait jusqu’à 12 millions de personnes fin 2011. Toutefois, les efforts déployés en vue d’évaluer l’ampleur du problème ont été entravés par le fait que les données enregistrées par les gouvernements et communiquées au HCR ne couvraient que 3,5 millions d’apatrides dans 64 pays.


Fin 2011, près des trois quarts des réfugiés relevant de la compétence du HCR se trouvaient dans une situation de réfugiés prolongée, ce qui représente 7,1 millions de personnes. Ces réfugiés vivaient dans 26 pays différents.


Les pays en développement accueillaient quatre cinquièmes des réfugiés dans le monde. Les 48 pays les moins avancés offraient l’asile à 2,3 millions de réfugiés.

Plus de 4,7 millions de réfugiés, soit 45 % des réfugiés relevant de la compétence du HCR, résidaient dans des pays dont le PIB par habitant est inférieur à 3000 dollars

Le Pakistan était le pays hôte du plus grand nombre de réfugiés (1,7 million), suivi de la République islamique d’Iran (887 000) et de la République arabe syrienne (755 400 ; estimation du gouvernement).

Le Pakistan était le pays hôte du plus grand nombre de réfugiés par rapport à sa capacité économique, avec 605 réfugiés pour 1 USD de PIB (PPA) par habitant. La République démocratique du Congo (399) et le Kenya (321) se classaient au deuxième et au troisième rang respectivement.


Avec près de 2,7 millions de réfugiés dans 79 pays, l’Afghanistan était toujours le principal pays d’origine des réfugiés en 2011. En moyenne, un réfugié sur quatre dans le monde était originaire d’Afghanistan, et 95 % des réfugiés afghans étaient hébergés au Pakistan et en République islamique d’Iran.


Grâce à l’intensification des efforts destinés à trouver des solutions durables, 532 000 réfugiés ont été rapatriés de leur plein gré en 2011, soit plus du double qu’en 2010 (197 600). Pourtant, 2011 a connu le troisième nombre le plus bas de rapatriements volontaires en une décennie. En revanche, plus de 3,2 millions de déplacés internes ont pu regagner leur lieu d’origine, le chiffre le plus élevé en plus de dix ans.


Durant l’année, le HCR a présenté aux États environ 92 000 cas de réfugiés en vue d’une réinstallation, et près de 62 000 réfugiés ont ainsi été réinstallés avec l’assistance du HCR. D’après les statistiques des gouvernements, 22 pays ont admis 79 800 réfugiés pour une réinstallation en 2011 (avec ou sans l’assistance du HCR). Les États-Unis d’Amérique en ont accepté le plus grand nombre (51 500).


Plus de 876 100 personnes ont soumis une demande individuelle d’asile ou de statut de réfugié en 2011. Les bureaux du HCR ont enregistré 11 % de ces demandes. Avec près de 107 000 demandes d’asile – un dixième du total dans le monde – l’Afrique du Sud est le pays où les demandes individuelles ont été les plus nombreuses. Elle est suivie des États-Unis d’Amérique (76 000) et de la France (52 100).

En 2011, 17 700 demandes d’asile ont été déposées dans 69 pays par des enfants non accompagnés ou séparés, la plupart originaires d’Afghanistan ou de Somalie. Ce chiffre est nettement plus élevé que celui de 2010 (15 600 demandes).

Les données disponibles (couvrant 13 millions de personnes) révèlent que les déplacés internes, les déplacés qui ont regagné leur lieu d’origine et les réfugiés rapatriés ont eu tendance à se regrouper dans les zones rurales en 2011, les réfugiés et les demandeurs d’asile préférant les zones urbaines.


Les femmes et les filles représentaient, en moyenne, 49 % des personnes relevant de la compétence du HCR. Elles constituaient 48 % des réfugiés et la moitié des déplacés internes et des rapatriés (anciens réfugiés). Au total, 46 % des réfugiés et 34 % des demandeurs d’asile étaient des enfants de moins de 18 ans.




2ème intervention : la rencontre de l’autre

2ème intervention : La rencontre de l’autre



La problématique


Pas d'angélisme : la rencontre avec les migrants est un choc. En quoi cette rencontre est un impératif pour les chrétiens? Comment en faire quelque chose de positif ?


« Comment se fait-il que les gens du Nord qui émigrent soient des expatriés ou des volontaires et que les gens du Sud qui émigrent soient des migrants ou des clandestins ? »

Cette phrase du document A la rencontre du frère venu d’ailleurs7, montre bien l’ambigüité de la question.

Il s’agit d’abord de clarifier des mots face à une législation débridée qui nourrit des réactions passionnelles. Ainsi 80% des quinze millions de réfugiés dans le monde vivent dans des pays en développement ; 1% en France. 8 500 y ont obtenu le statut en 2010.

Les immigrés représentaient en 2008 8,4% de la population française, contre 14% aux Etats Unis ou en Espagne (« Un immigré est une personne née à l’étranger, de parents étrangers et qui réside sur le territoire français. De nombreux immigrés ont donc la nationalité française »).

Et la France a un des taux d’immigration les plus faibles de l’OCDE :

Entrée d’immigrants permanents en pourcentage de l’ensemble de la population, 2009  (Le Monde, 15 mai 2012, « Immigration la nouvelle donne », El Mouhoud Mouhoud, page 21)


Le document analyse ensuite nos préjugés et les chances que constituent les migrations, leurs liens avec la mondialisation et enfin les richesses de la rencontre et de l’engagement accueillant.


L’exposé des chances face à ce que nous pouvons considérer comme des problèmes fait bouger les lignes. Leurs transferts financiers vers les pays d’origine financent le développement pour, au niveau mondial, des montants supérieurs à l’aide publique au développement ; celle de le France baisse malheureusement. L’apport de leurs cultures vient nourrir une identité collective dynamique : le couscous, le jazz, le sport, la recherche scientifique, la peinture, la littérature, la vie politique - un ancien président de la République dont le père est né étranger, Nicolas Sarkozy, un ministre de l’Intérieur naturalisé français il y a 30 ans, Manuel Valls. Et Isabelle Adjani, Charles Aznavour, Jeannette Bougrab, Jean-Marie Cavada, Rachida Dati, Louis de Funès, Max Gallo, Edgar Morin, Noah, Tzonga, Platini, Zidane, Sylvie Vartan.


Mais la migration est d’abord un choc pour le migrant qui découvre l’Occident, des fonctionnements incompréhensibles, une nouvelle langue à apprendre. Très souvent un décalage entre ses attentes et ce qui lui est offert.

Quel Français s’est-t-il trouvé dans une telle situation ? Voyager à l’étranger sans filet, sans contrat d’assistance, sans perspective de retour sécurisé ?

Pour la plupart des migrants reçus par des associations d’accueil, c’est la relation de confiance qui déterminera toute la qualité de l’accompagnement.

Certains isolés auront des parcours fulgurant d’intégration. Une jeune femme kazakhe arrivée il y a dix ans était cadre administrative et comptable dans une grosse entreprise. Elle mettra 4 ans à obtenir l’asile en France. C'est-à-dire quatre ans de travail au noir dans des ateliers de confection turcs, plus de 12 heures par jour, sept jour sur sept, pour moins de 1000€ par mois ; souvent sans logement donc vivant à la rue. Elle ne perdra jamais sa dignité. Il y a quelques années elle se pacsera avec un Français veuf gérant d’un salon de coiffure.


Parler du choc de la rencontre, c’est donc parler d’un choc réciproque. C’est aussi pour les Français une occasion de comprendre le monde, une chance comme un livre vivant d’histoire ou de géographie.

La jeune kazakhe, Natalia, évoquait un jour avec un bénévole les feux de cheminée. Pour lui, c’était la chaleur d’un week end à la campagne, les odeurs d’automne ; pour elle c’était le froid de la fin de la période de la chute du Mur de Berlin en 1989 quand tout partait à vau-l’eau, que la seule chaleur et la seule lumière provenaient d’un maigre feu de cheminée.


L’accueil de l’étranger est partie intégrante de la démarche chrétienne et de la démarche citoyenne au niveau mondial comme le précise la « déclaration sur les droits de l’homme des personnes qui ne possèdent pas la nationalité du pays dans lequel elles vivent » (Assemblée des Nations Unies, 13 décembre 1985). Elle leur reconnait :


La rencontre et l’accueil sont donc des impératifs citoyens et un processus d’accueil auxquels les chrétiens sont invités. Ils sont nombreux à s’y engager par des relations fraternelles et la défense des droits.

Le document « A la rencontre du frère venu d’ailleurs » invite à l’engagement collectif au sein de réseaux actifs, invite à l’engagement individuel.


Jean Paul II plaide lors de la journée mondiale du migrant et du réfugié de 2005 pour une vision positive de l’intégration :

«On doit exclure aussi bien les modèles fondés sur l’assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu’aux choix de l’apartheid. La voie à parcourir est celle de l’intégration authentique dans une perspective ouverte, qui refuse de considérer uniquement les différences entre les immigrés et les populations locales ».


Mais pour bien réaliser les tensions rencontrées on ne peut ignorer les systèmes de valeur et de représentation, les mythes, les symboles et les pratiques qui supportent et règlent notre vie personnelle et sociale.

Nous sommes sous l’influence des droits de l’homme, qui portent une vision positive de tout être humain ; mais nous sommes aussi influencé par des peurs et des représentations négatives de l’étranger, du Rom par exemple aujourd’hui.

« Le poids des contraintes matérielles des classes populaires n’est pas à négliger dans la représentation de l’étranger : quand on connait des conditions de vie difficiles, le chômage, on se sent menacé Dans un contexte de crise économique et d’identité culturelle, l’étranger devient une concurrent et un facteur d’insécurité face à un avenir incertain. »8



La collaboration interreligieuse


L’anthropologie chrétienne, la vision chrétienne de l’homme le considère comme un être en société, comme le membre d’un peuple, d’une seule famille. Nous cohabitons donc avec des congénères bigarrés. Le pluralisme est dans notre nature, dans notre essence profonde. Les différences ne s’opposent pas au pluralisme. Respecter, recevoir d’autres pratiques est dans notre nature.

Dans Pacem in Terris Jean XXIII écrit au paragraphe 25 : « l’appartenance à telle ou telle communauté politique ne saurait empêcher qui que ce soit d’être membre de la famille humaine, citoyen de cette communauté universelle où tous les hommes sont rassemblés par des liens communs. »

Dans son discours de départ du Liban, en septembre 2012 Benoît XVI illustre cette proximité :

« Je souhaite au Liban de fortifier la communion entre tous ses habitants, quelle que soit leur communauté et leur religion, en refusant résolument tout ce qui pourrait conduire à la désunion, et en choisissant avec détermination la fraternité. »


On voit alors que la coopération entre religions est source de développements réciproques. D’ailleurs dans le contexte français actuel les exemples de collaborations positives sont foison.


  1. L’Église catholique maintient le cap du dialogue avec les musulmans9 qui défendent un islam républicain


« Réunis à Lourdes en Assemblée plénière jusqu’au jeudi matin 8 novembre, les évêques ont entamé mercredi une réflexion sur les relations entre les catholiques et la deuxième religion de France

« Il ne se passe pas un jour sans que l’on m’interpelle sur le sujet : “et vous, que pensez-vous de l’islam ?” Tenez, encore l’autre jour, dans une rencontre avec des élus de gauche et de droite… » L’anecdote est de Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans, mais elle pourrait être reprise par l’immense majorité de ses confrères.

En mars, lors de la précédente assemblée des évêques à Lourdes, la question du dialogue islamo-chrétien a suscité suffisamment d’échanges – parfois très vifs, raconte-t-on aujourd’hui dans les couloirs de l’hémicycle – pour conduire le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence, à demander un état des lieux, quatre ans après que le thème a été évoqué. « La présence des musulmans en France est encore plus visible et, au plan international, les violences au Pakistan ou au Nigeria ont beaucoup marqué l’opinion », explique le P. Christophe Roucou, directeur du service national pour les relations avec l’islam (SRI).

C’est dans ce contexte que Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry et président du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux, intervenait mercredi matin 7 novembre devant l’assemblée plénière. Après des ateliers mercredi après-midi, le sujet doit faire, jeudi matin, l’objet d’une discussion entre les évêques.


« La France change, la présence musulmane nous questionne »

« Nous sommes tous acquis à ce que dit Benoît XVI sur le dialogue interreligieux, axe fondateur du concile Vatican II. Mais les réactions des uns et des autres diffèrent en fonction des situations auxquels ils sont confrontés », reconnaît Mgr Dubost. C’est pourquoi l’évêque d’Évry a tenu, mercredi, par son propos (intitulé Catholiques et musulmans en France), à lancer « une vraie discussion sur les enjeux du dialogue d’aujourd’hui ».

Il a d’abord dressé un portrait de la présence musulmane en France, en présentant avec lucidité les différents courants qui traversent les musulmans de France. De la majorité « qui témoigne d’une appartenance tranquille à sa tradition religieuse », à ceux qui vivent leur Islam « comme une enclave dans un environnement étranger », jusqu’aux « salafistes djihadistes, prêts à passer à l’action violente », minoritaires.

Pour autant, l’évolution de la présence musulmane en France, ainsi que les échos de la violence commise en terre d’islam à l’encontre des chrétiens, doit-elle conduire les catholiques à réviser leur attitude de dialogue ? La réponse de Mgr Dubost a été claire : « La France change, la présence musulmane nous questionne. L’Église en France traverse des moments difficiles. Mais notre espérance repose sur le Christ, et non sur le cours des temps. »

« Chacun a le droit à la vérité de l’autre »

Cependant, l’évêque francilien n’a pas fait mystère des reproches adressés par certains catholiques aux acteurs du dialogue islamo-chrétien, jugés parfois « masochistes, lénifiants et ignorants ». « Que faut-il entendre à travers ces critiques ? s’est-il interrogé. À mon sens, elles dénotent une réelle souffrance ou une peur, dont il convient de tenir compte. (…) Ces critiques manifestent aussi une réelle volonté de témoigner de la foi chrétienne… et des difficultés de ce témoignage. » Et Mgr Dubost de développer une éthique du dialogue, car « permettre aux fidèles de dialoguer, c’est leur permettre d’être fiers de leur identité chrétienne ».

À la sortie des travaux, Mgr Gérard Coliche, évêque auxiliaire de Lille, confirme : « Il nous faut poursuivre dans la voie du dialogue mais être stricts sur les conditions. » Mgr Dubost les a esquissées : « Que chacun écoute ce que l’autre dit de sa foi sans discuter, soupçonner, rétorquer. Cela est vrai même lorsque les musulmans ont des affirmations qui nous choquent, ou que nous pensons que nos affirmations peuvent les choquer. Chacun a le droit à la vérité de l’autre. »



Ces concepts sont repris par le

Discours de clôture de l’assemblée des évêques de France par le cardinal Vingt-Trois, 8 novembre 2012

 « La rencontre d'autres cultures et d'autres religions caractérise le défi auquel est confrontée chez nous la Nouvelle Évangélisation. Les échos du synode qui nous ont été transmis nous ont aidés à situer cet objectif missionnaire de notre Église dans toute sa dimension d'un renouvellement de notre communion avec le Christ et de la conversion qu'il opère dans la vie de tous les chrétiens et de l'Église. C'est à une conversion personnelle et pastorale que nous sommes appelés pour assumer notre responsabilité de disciples de Jésus. C'est dans cet esprit que nous avons repris notre réflexion sur la rencontre des chrétiens avec les musulmans en nous gardant des amalgames simplistes et en mesurant mieux comment notre approche des musulmans se distingue du choc des civilisations. Reprenant les orientations de Jean-Paul II et de Benoît XVI, notamment lors de son récent voyage apostolique à Beyrouth, nous voulons être des interlocuteurs respectueux, aussi bien dans les contacts quotidiens que dans les relations avec les responsables musulmans. Cette orientation vers le dialogue constitue pour les chrétiens un appel à développer leur capacité à être témoins de la foi au Christ ressuscité. Ce n'est que dans l'authenticité de l'identité de chacun que peut véritablement se développer le dialogue. »



En écho, les déclarations du recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur montrent comment il défend un islam républicain dans Réforme du 11 octobre 2012 :



  1. L’actualité du mariage entre personnes de même sexe

Tribune commune « Le Monde », 18 & 19 novembre 2012, sur le mariage de personnes de même sexe

Claude Baty, président de la Fédération protestante de France ; Gilles Bernheim, grand rabbin de France ; Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman ; André Vingt-Trois, cardinal, archevêque de Paris etc.

Le texte insiste sur l’importance de la réforme, à la fin d’une pratique millénaire réservant le mariage à l’alliance d’un homme te d’une femme etc.

Il appelle à un grand débat national associant des experts, des représentants d’associations et « les représentants de toutes les confessions et familles de pensées qui partagent l’idéal républicain de tolérance ».

Il est intéressant de noter le travail ensemble des leaders religieux en ce domaine, leur alliance morale.



Comme l’Eglise catholique, le Conseil français du culte musulman réaffirme son opposition. La coopération interreligieuse devient ainsi presque une alliance.

« L’islam n’autorise pas le mariage entre deux personnes de même sexe », a redit en septembre Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Dans la tradition musulmane, le mariage est « un pacte fondé sur le consentement mutuel en vue d’établir une union légale et durable, entre un homme et une femme, et ayant pour but de fonder une famille stable ». De son côté, Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris, estime qu’ « il faut s’abstenir de juger » les personnes homosexuelles : « Nous n’avons pas à intervenir dans les lois de la nature. L’être est comme il naît. Seul Dieu crée et juge. » Mais il a vivement réagi après une union homosexuelle célébrée en présence d’un imam, en février, en Seine-Saint-Denis : c’ « est un acte volontaire qui écarte ces deux hommes des valeurs de l’islam », a-t-il déclaré. »10

« Si vous n’avez pas de religion et désirez avoir des rapports sexuels avec quelqu’un du même sexe, d’un commun accord, sans qu’il y ait viol ni abus d’aucune sorte, et si vous y trouvez une satisfaction non violente, je ne vois rien à y redire », expliquait le dalaï-lama en mars 2009. « Mais il n’est pas juste non plus de dénigrer systématiquement les religions qui proscrivent l’inconduite sexuelle, simplement parce que cela ne correspond pas à nos idées ou à nos façons de faire », soulignait-il.

Dans le bouddhisme, l’essentiel est de rester maître de soi, de ne pas se laisser dominer par ses sens ou ses passions. « Si le désir sexuel nous domine et que nous voulons toujours plus, ce but n’est jamais atteint, et au lieu de trouver le bonheur nous trouvons la souffrance », expliquait encore le dalaï-lama. Selon les textes fondamentaux du bouddhisme, il y a dix actes nuisibles à éviter, dont « l’inconduite sexuelle », celle-ci désignant surtout l’adultère, mais incluant aussi l’homosexualité et la masturbation. Pour bon nombre de bouddhistes, la légalisation du mariage homosexuel ou de l’homoparentalité étant du ressort du seul domaine du droit civil, on ne peut y répondre qu’en tant que citoyen, non en tant que bouddhiste. »11


On peut rappeler pour être complet que l’alliance est à ce propos aussi forte avec le judaïsme et dans la relation œcuménique :

Dans son essai Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : ce que l’on oublie souvent de dire, publié le 17 octobre (1), il interroge plus avant le projet de loi, en précisant que « l’enjeu n’était pas l’homosexualité », mais « le risque irréversible » d’un brouillage des généalogies, des statuts, des identités : « La sexuation comme donnée naturelle serait dans l’obligation de s’effacer devant l’orientation exprimée par chacun au nom d’une lutte contre les inégalités, pervertie en éradication des différences. » Ce brouillage, note-t-il, serait préjudiciable « à l’ensemble de la société, perdant de vue l’intérêt général au profit de celui d’une infime minorité ». Se référant à la Genèse, il montre enfin en quoi les théories sous-jacentes, qui cherchent à nier la différence sexuelle, s’opposent radicalement à la vision biblique de la complémentarité homme-femme.

En septembre, Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, s’interrogeait, lui, sur une loi « qui changerait le modèle naturel de la famille » et « remettrait en cause nos rapports à la parenté ».

Au sein de la Fédération, l’Église réformée de France (ERF) a mis en place un groupe de travail dirigé par la théologienne Isabelle Grellier, dont les résultats seront publiés fin 2013. Un autre groupe, avec des membres de l’ERF, de l’Union de l’Église réformée d’Alsace et de l’Église de la Confession d’Augsbourg d’Alsace (UEPAL), travaille quant à lui sur une proposition de bénédiction des couples homosexuels. Le Conseil national des évangéliques de France s’est pour sa part clairement opposé à cette réforme « et à ses conséquences sur la parentalité » en dénonçant « un mauvais choix de société ».

« Le mariage est une institution traditionnelle pluriséculaire qui structure société, famille et relations interpersonnelles », affirme l’AEOF. Le mariage renvoie à « une communion fondée par le Créateur, bénie par le Christ et dont la fin est double : participer avec Dieu à son œuvre créatrice tout en approfondissant l’union d’amour et de service mutuel entre un homme et une femme ». Les évêques mettent également en avant la dimension « sociétale » du mariage, qui ne saurait selon eux être dissociée de la notion de couple, de conception de la famille, de filiation, d’adoption, d’éducation des enfants, d’altérité, ou encore de régimes matrimoniaux.12




3ème intervention : Comment la société réagit-elle face à l’immigration ?



Facteurs explicatifs des migrations et impacts sur les pays d’origine13



  1. Facteurs économiques



  1. Facteurs sociaux, éducatifs ou culturels



  1. Facteurs environnementaux, cf. supra



  1. Politiques publiques

Certaines politiques nationales ou régionales peuvent créer la migration.

De nombreux pays de l'OCDE mettent en place des politiques migratoires ciblées afin notamment de privilégier les migrations professionnelles, qualifiées et temporaires et de favoriser une diversité d'origine géographique des

Migrants.

Au travers des accords de gestion concertée des flux migratoires français ou de l'approche globale européenne sur la migration et l'asile, l'Union européenne participe de ce principe de renforcement du lien politique entre zones de départ, zones de transit et zone d'accueil.

D'autres pays expérimentent des systèmes facilitant l'accueil d’une main d'œuvre étrangère sectoriellement identifiée, le plus souvent via la mise en place d'une fiscalité incitative : Singapour, par exemple, privilégie le recours à des employées de maison étrangères.


  1. Impacts des flux migratoires sur le développement des pays d'origine des migrants



Insertion des migrants en France


  1. « Plus dure la vie »14

C’est le titre d’un article récent d’Alternatives économiques.


  1. Précisions apportées par le rapport du Secours catholique Regards sur 10 ans de pauvreté, novembre 2012


A partir des situations accueillies.


  1. Rapport du Haut conseil à l’intégration17 avril 2011 : La France sait-elle encore intégrer les immigrés ?


Une vision optimiste


  1. L’intégration à la française, ça marche !


« Autrefois, on le disait aveuglément, fiers de notre modèle. Depuis, le pessimisme s’est imposé et il est communément admis que l’intégration ne fonctionne plus ! En réalité, si l’on considère des indicateurs tangibles, comme le niveau de diplôme obtenu par les générations suivantes, la mobilité sociale, les mariages exogames, la majorité s’intègre, se fond dans la foule et disparaît des écrans. C’est en France que les immigrés et leurs enfants se sentent aussi le plus intégrés.

On y observe que seuls 16 % d’immigrés ayant la nationalité française ont peu ou pas le sentiment d’être Français, ce qui est bien inférieur, semble-t-il à d’autres enquêtes effectuées à l’étranger, mais ils sont encore 10 % à être dans ce cas pour les descendants de deux parents immigrés qui sont pour le plus grand nombre Français par le droit du sol.(…)

Les ratés de l’intégration, même minoritaires, sont particulièrement graves et douloureux. Lorsqu’une partie de la jeunesse des banlieues développe une contre-culture hostile à la France, se montre violente, les dégâts sont impressionnants.

Lorsque certains revendiquent des droits particuliers qui heurtent la laïcité et la conception que nous avons de l’égalité homme-femme, les frictions sont fortes. La méfiance s’installe. Et ce terreau nourrit les craintes et les extrémismes. »


S’agissant des filles, 57 % d’entre elles sont employées. Elles accèdent aux professions intermédiaires dans des proportions équivalentes à celles des fils d’immigrés (22 %), mais sont moins souvent cadres (9 %). Signalons la réussite des descendants d’Asie du Sud-Est dont 27 % sont cadres.

Pour l’ensemble de la population, les chiffres sont respectivement de 24 % pour les professions intermédiaires, et 14 % pour les cadres.

L’union entre conjoints de mêmes origines domine pour certaines origines (82 % pour les originaires de Turquie, par exemple), mais devient minoritaire pour les immigrations plus anciennes (venues d’Espagne ou d’Italie).

Par ailleurs un peu plus de quatre immigrés sur dix vivent avec un conjoint né en France et dans 90 % il s’agit d’une personne de la population majoritaire

La part de mariages mixtes témoigne aussi du degré d’acceptation par la société d’accueil des immigrés et de leurs enfants. De ce point de vue, les comparaisons internationales sont éclairantes. Ainsi, en 2006, aux États-Unis, les couples mixtes composés d’une femme à la peau blanche et d’un homme à la peau noire (ou l’inverse) représentaient 0,67 % des couples mariés. Or, si les appariements se faisaient au hasard, on devrait compter au moins 11 % de mariages interraciaux.


  1. S’attaquer réellement aux ghettos communautaires


« Un immigré sur cinq (19 %) vit dans une ZUS, soit près d’un million de personnes. La proportion d’immigrés y est 2,5 fois supérieure à la moyenne nationale (18,3 % contre 7,3 %). Bien entendu, ici encore, ces chiffres ne prennent pas en compte les enfants d’immigrés nés en France, et devenus, de ce fait, Français. Pour 4,6 millions d’habitants de ces quartiers en 2004, un quart fait partie de ménages dont la personne de référence est étrangère. 83 % des immigrés résidant en ZUS sont originaires de pays tiers à l’Union européenne.

Les pays les plus représentés sont l’Algérie (21,5 %) et le Maroc (20,1 %) ainsi que

la Turquie. Les communautés se rassemblent naturellement au départ, pour s’entraider.

Puis chacun évolue selon ses possibilités. Mais le logement social a figé les parcours. Désormais, certains immigrés se transmettent presque les appartements de père en fils. Les enfants s’installent dans le parc HLM, dans les mêmes cités, ce qui renforce encore la concentration. Dans certaines classes, comme à Évry, les enfants dont le français est la langue maternelle sont minoritaires.


En Grande-Bretagne, des études menées par le Comité pour l’égalité raciale ont montré qu’au-delà de 20 % de personnes de la même origine dans un quartier, l’intégration se faisait difficilement. Le HCI propose que pour éviter les ghettos, principal obstacle à l’intégration, les offices HLM disposent du lieu de naissance du demandeur et de ses parents. Le HCI est bien conscient que cette mesure va à l’encontre de l’égalité de traitement qui aurait dû prévaloir.

Chacun aimerait que la mixité se réalise naturellement. Mais ce n’est pas le cas : les concentrations communautaires se renforcent dans le logement social. On rencontre beaucoup plus de familles africaines ou maghrébines dans les ensembles les plus dégradés. Ce qui alimente grandement le communautarisme, subi ou revendiqué.


La Cour des comptes avait déjà évoqué cette question délicate du peuplement sans oser préconiser des mesures précises. C’est justement pour éviter cette relégation que le HCI propose que les HLM disposent de données pour mieux répartir les demandeurs notamment dans les quartiers les plus valorisés. Les préfets seront chargés de veiller à la bonne mixité sociale.



La traite des êtres humains


Denis Viénot, La Justice dans la peau, DDB, Paris 2010, page 339


« Un colloque est organisé à Paris par le Secours catholique, Caritas Europa et Caritas Internationalis en 2008, « Lutter contre la traite des enfants : que faire dans l’Union européenne? »

La représentante de Caritas India, Ms. Mungreiphy Shimray, énumère les causes du drame dans son pays, à la fois pays d’origine, de transit et de destination. La pauvreté, les catastrophes naturelles, les guerres civiles et le système patriarcal des populations intouchables, tribales ou pauvres urbaines se complètent avec la libéralisation économique et la mondialisation qui détruisent les structures sociales traditionnelles. Mais la tradition n’a pas que du bon quand des pratiques culturelles anciennes se perpétuent qui vouent certaines populations à la prostitution ou qui font donner des enfants à des temples à cette fin. Et environ quatre-vingt mille femmes et enfants du Myanmar, de Chine, du Laos et du Cambodge sont poussés vers l’industrie du sexe en Thaïlande.

Une parlementaire européenne slovaque explique que sur Internet en 2007, trois mille domaines sont liés à la pornographie avec des enfants, 55 % étant basés aux États-Unis, 28 % en Russie, 8 % en Europe et 7 % en Asie. De nouvelles législations nationales et internationales sont indispensables.

Le commissaire européen Jacques Barrot veut que l’aide aux victimes soit immédiate et non conditionnée à la légalité du séjour ni à l’obligation de témoigner contre les agents du trafic.

Le mot de la fin revient au président de Caritas Europa qui s’horrifie d’une « société cannibale qui consomme ses propres enfants ».

Lors du Forum social de Belém au Brésil en janvier 2009, Coatnet et le Secours catholique organisent un séminaire sur la traite.

La présentation de Caritas Bosnie-Herzégovine est ma plus forte surprise. Je la connaissais comme active mais un peu timide. Dans ce pays, le nombre des victimes de la traite a été multiplié par dix depuis 2002, dont beaucoup de Roms.

Je découvre une activité explosive en matière de traite, de prévention par des campagnes tonitruantes. Puisque les jeunes femmes sont souvent attirées par des publicités, alors Caritas fait de même et publie dans la presse des annonces :


Jolies jeunes filles, 18 à 25 ans, pour travail à l’étranger. Logement

garanti, relations saines, bon salaire, nourriture et visa garantis !

Téléphoner : XXX-XXX-XXX

ATTENTION: Si vous donnez suite à ce genre de publicité, vous

Pouvez devenir victime de trafic. Informez-vous !


Cette annonce est diffusée sur cinq chaînes de télévision et six stations de radio, projetée au festival de cinéma de Sarajevo lors d’une séance spéciale pour les adolescents. Elle est affichée en grand format à Sarajevo et Brcko, publiée dans le programme du festival.

De plus, en 2007 et 2008, des affiches et des tracts sont disposés dans des consulats, des ambassades, des universités, des écoles primaires et secondaires, des centres commerciaux : le slogan 2007 était « Recherche d’emploi ? Pourquoi ne pas être méfiant ? » et celui de 2008 : « Travail à l’étranger, bonne opportunité ou fraude ? »

Beaucoup de Caritas procèdent de la sorte ; même en Inde où une affiche largement diffusée montre le visage d’une enfant et dit :



Comme elle, vos filles, vos sœurs ne sont pas à vendre.

Elles sont des êtres humains, citoyennes égales d’un pays

protégées par la loi.

Nous sommes contre le trafic et l’exploitation sexuelle

des enfants et des femmes. »


Lors d’un colloque Secours catholique – Caritas Europa en novembre 2012 sur la pauvreté des enfants les questions de migrations et de traite ont été abordées.

Une représentante de l’Agence de protection de l’enfance de Bulgarie expliquait les difficultés particulières des enfants Roms. Ils sont victimes du travail illégal des parents à l’étranger où ils sont aussi exploités. Quand ils restent au pays, gardés par exemple par leurs grands-parents ils y souffrent aussi de l’effondrement de la vie familiale, comme à l’étranger d’ailleurs.

Grâce à la pression de l’Union européenne une nouvelle politique de la justice des mineurs est en cours d’élaboration.


Il faut savoir que les acteurs de la traite sont peu condamnés en France. La traite est un crime même si la victime est consentante ; c’est la législation internationale.

Il n’y a en France chaque année que 500 condamnations pour proxénétisme aggravé ; 20% concernent des mineurs. Et 10 condamnations par an contre les clients.

En 2011 la peine moyenne pour proxénétisme aggravé n’était que de 3 ans de prison, l’amende de 7000 euros, alors que le trafic d’un enfant rapporte150 000 euros à son proxénète !

Un des grands problèmes des familles Roms est qu’elles sont coincées par des usuriers en Roumanie dont elle s dépendant, et les dettes ne sont jamais soldées.


Caritas Europa fait des propositions en matière de traite des enfants qui tournent autour de la sensibilisation du grand public, de la prévention, de la signalisation des enfants et de leur réinsertion, comme par exemple.

Par ailleurs en matière de migrations en général, les propositions relatives au enfants visent la préservation du cadre familial, le soutien aux enfants isolés dans leur pays ou dans le pays de migration. Caritas Belgique a ainsi mis en place un programme de tutorat pour les jeunes mineurs non accompagnés.




4ème intervention : Pistes et solutions



Le dialogue interreligieux


  1. C’est le dialogue entre les chrétiens et les autres religions

réalisé dans un respect de liberté, d’ouverture, d’écoute afin d’apprendre à se connaître, à apprécier à la fois nos différences et les valeurs communes qui nous lient les uns aux autres. La déclaration du Concile œcuménique Vatican II -Nostra Aetate- en est le document fondateur. (28 octobre 1965)

1. Préambule

À notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples se multiplient, l’Église examine plus attentivement quelles sont ses relations avec les religions non chrétiennes. Dans sa tâche de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes, et aussi entre les peuples, elle examine ici d’abord ce que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée.

Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous, jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la Cité sainte, que la gloire de Dieu illuminera et où tous les peuples marcheront à sa lumière.

Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd’hui, agitent profondément le cœur humain : Qu’est-ce que l’homme? Quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le péché? Quels sont l’origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu’est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort ? Qu’est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui embrasse notre existence, d’où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons ?

3. La religion musulmane

L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne.

Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté.

5. La fraternité universelle excluant toute discrimination

Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu. La relation de l’homme à Dieu le Père et la relation de l’homme à ses frères humains sont tellement liées que l’Écriture dit : « Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu » (1 Jn 4, 8). Par-là est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent.

L’Église réprouve donc, en tant que contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation dont sont victimes des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur condition ou de leur religion. En conséquence, le saint Concile, suivant les traces des saints Apôtres Pierre et Paul, prie ardemment les fidèles du Christ « d’avoir au milieu des nations une belle conduite » (1 P 2, 12), si c’est possible, et de vivre en paix, pour autant qu’il dépend d’eux, avec tous les hommes, de manière à être vraiment les fils du Père qui est dans les cieux.





Pour Jean-Claude Basset, spécialiste suisse de l’interreligieux, les religions doivent se voir comme des sources et non pas comme des forteresses18 :


  1. L’interreligieux en actes, La collaboration humanitaire et sociale inter religieuse

De nombreuses ONG et organisations chrétiennes collaborent avec les organisations laïques ou d’autres confessions religieuses.

Avec les ONG musulmanes le fait est patent. Elles se développent depuis une quinzaine d’années, le Secours islamique en Grande Bretagne puis en France par exemple ; Aujourd’hui la coopération avec elles est indispensable en, Somalie si on veut y conduire des programmes. Sans elles, c’est impossible.

Dans le Coran, l’aumône, la zakat, est définie en détails, quantifiée avec précision. Elle voit même d’un bon œil le prosélytisme.

Suite aux inondations de l’été 2010 au Pakistan une coopération s’est conduite entre la Caritas chrétienne et une organisation musulmane pashtoune d’origine britannique, l’Umah Welfate Trust. Celle-ci gérait de nombreux camps de déplacés particulièrement dans le Nord-Ouest du pays, zone pashtoune. La Caritas y a effectué de nombreuses distributions de produits de couchage, de matériels de cuisine et gérait de nombreux dispensaires où collaboraient facilement des personnels musulmans et chrétiens.

Ce type de partenariat est très fréquent dans les pays musulmans. Ils y sont d’ailleurs souvent plus faciles à conduire que des collaborations avec des organisations fondamentalistes chrétiennes américaines qui interviennent sans discernement et avec un prosélytisme agressif.



Quelques déclarations, positions et thèmes stimulants


  1. Le droit international19.

alors même que ces Etats ont perdu une partie de leurs prérogatives sur le plan des échanges économiques. Or c’est ce pourvoir régalien qui justifie des pratiques qui, à l’égard des migrants, relèvent de l’arbitraire, de l’exception, de la faveur. Cette notion régalienne Alors que par définition la migration dépasse le cadre de l’Etat, la gestion des migrants est encore pour l’essentiel le fait voire l’otage des politiques nationales. Le sacrosaint principe selon lequel accepter ou refuser la présence d’un étranger sur son territoire relève du « pouvoir régalien » d’un Etat n’a pas été remis en cause, génère des mesures qui ont l’apparence du droit mais en sont en fait que l’expression permanente du fait du prince. Ecoutez le récit de ceux qui demandent un visa, qui se rendent en préfecture pour un titre de séjour ou une demande d’asile. Nous estimons nécessaire que soient redonnées la prééminence et la priorité au renforcement du droit et des règles internationales. Des conventions existent : convention de Genève pour les réfugiés, convention européenne des droits de l’Homme. Certaines ne sont toujours pas appliquées en Europe, comme la convention des Nations-Unies sur les droits des travailleurs migrants et de leur famille. D’autres seraient à élaborer pour protéger les victimes de la traite ou les futurs réfugiés de l’environnement. S’il est accompagné d’instances indépendantes chargées de le faire appliquer, le droit international est le cadre qui permettra de contraindre les Etats à respecter des normes et des règles : les droits et libertés fondamentales des personnes migrantes ne doivent plus être soumis au bon vouloir de telle ou telle administration, aux aléas conjoncturels, à l’arbitraire. En cette matière, l’absence de clarté et de transparence dans la prise de décision est source de toutes les injustices et humiliations.


  1. Caritas de la Méditerranée : L’Union européenne doit respecter le droit des réfugiés. Mai 2012, Cagliari / Italie


  1. Caritas Europa demande le droit effectif à la réunification familiale

Caritas Europa demande à la Commission européenne de lancer des procédures d’infraction contre les États membres qui n’appliquent pas la directive sur la réunification familiale. Le réseau européen des Caritas rappelle la valeur essentielle de la vie familiale pour la dignité de la personne.

Caritas Europa, réseau des 49 Caritas européennes, dont fait partie le Secours Catholique, lance un appel à la Commission européenne et aux États membres de l’Union européenne pour le droit effectif à la vie familiale. Le réseau européen demande l’application du principe de réunification à tous les migrants, notamment ceux bénéficiant du droit d’asile. Dix-neuf autres ONG se joignent à cet appel.

La déclaration affirme qu’il est inacceptable que la Commission européenne ferme les yeux sur la non-transposition de la directive « Réunification » dans le droit interne d’un certain nombre d’États membres.

Procédures d’infraction

Le réseau européen des Caritas demande à la Commission de lancer des procédures d’infraction contre les États membres qui n’appliquent pas les règles européennes, en particulier lorsqu’ils restreignent les visas ou imposent des taxes excessives à la réunification familiale.

Aux yeux de Caritas Europa, la famille est une valeur inaliénable fondée sur les besoins essentiels et la dignité des personnes. De plus, c’est un droit protégé par la Convention européenne des droits de l’homme et la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Obstacles à la réunification

« Les obstacles pratiques à la réunification familiale doivent être abolis », conclut le réseau européen des Caritas, qui exige aussi la clarification de la définition des membres de la famille admis à la réunification et le raccourcissement des procédures de réunification.

Caritas élargit ses revendications à la garantie de l’âge de la majorité comme âge minimum du mariage pour les épouses et à la redéfinition des moyens de lutte contre les mariages forcés.


  1. CCFD Terre solidaire : propositions pour un monde plus juste. Elections 2012

Le quatrième sujet concerne les migrants :

Le respect des pays du Sud – notamment africains, avec qui nous avons des liens d’amitié historiques et forts – devra se traduire dans des politiques migratoires transparentes, ambitieuses et justes.

Alors même que les flux africains en direction de l’Europe sont minoritaires, le gouvernement actuel a fait preuve d’une volonté d’affichage en cherchant à signer le plus grand nombre d’accords possibles, y compris avec des pays insignifiants en termes d’émigration vers la France (comme le Cap-Vert). Certains accords se sont pourtant révélés impossibles à signer, notamment avec des pays clés en termes de migration : c’est le cas avec l’Algérie ou le Mali. Malgré les pressions exercées par le ministère français de l’Intérieur sur l’État malien, ce dernier a résisté au fait d’apporter sa signature. Pour le Mali, le très faible taux de régularisation de ses ressortissants présents en France (et qui risquent donc l’expulsion) est une question sensible : pour cause, le montant des transferts de fonds effectués par les Maliens vivant en France est estimé à 295 millions d’euros par an, soit 11 % du PIB du Mali, sans doute beaucoup comparé à ce que proposait l’accord avorté.

Pour le CCFD-Terre Solidaire, les migrants doivent voir leurs droits fondamentaux respectés et cesser de faire l’objet d’une instrumentalisation politique. Ces accords doivent être renégociés, sur une base juste, équitable et transparente, fondée sur le respect des droits des migrants. Et ils doivent impérativement être dissociés de la politique d’aide au développement.


  1. Les propositions du Secours catholique suite à son rapport 2012 Regards sur 10 ans de pauvreté


Elles concernent toutes les personnes et populations en difficulté en France :


Concernant l’accompagnement des migrants, trois propositions complémentaires sont mises en avant :*


  1. Eléments du rapport 2001 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme



La question des Roms


« Les Roms, boucs-émissaires d’une politique sécuritaire qui cible les migrants et les pauvres »

Rapport 2010-2011 du Collectif National Droits de l’Homme Romeurope

Chaque année le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope dénonce la stigmatisation et les discriminations dont sont victimes les quelques 20 000 Roms vivant ou séjournant en France en situation de grande précarité, mais les positions prises publiquement en cet été 2010 par le chef de l’Etat, relayé par divers ministres et responsables politiques, officialisaient une inacceptable ethnicisation des choix politiques dans un non moins inacceptable amalgame Roms/Gens du voyage. Dans un contexte d'exacerbations des questions sécuritaires et d'immigration, un bouc-émissaire était créé, les Roms et particulièrement ceux originaires de Roumanie, étaient désignés comme délinquants et asociaux, prêts à envahir la France pour bénéficier d’avantages sociaux auxquels ils n’ont pas accès ! Ce discours politique aux accents xénophobes a attiré l’attention des médias, de la société civile et même des institutions européennes et internationales qui ont dénoncé l’attitude du gouvernement français.
 
LE RENFORCEMENT DES POLITIQUES DE REJET
Ces politiques combinent différentes pratiques, qui sont toutes aussi iniques les unes que les autres :

La reconduction des mesures transitoires prévues par le traité d’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, maintenant hors du marché du travail français les ressortissants de ces deux seuls pays européens, surtout les plus pauvres et moins qualifiés ;

La priorité accordée à l’éloignement avec la distribution massive d’OQTF (Obligation à Quitter le Territoire Français) et sous couvert d’aide au retour humanitaire ;

La systématisation ciblée des pratiques de fichage. Le fichier OSCAR qui vise tous les étrangers ayant bénéficié d'une aide au retour dite volontaire (ARV) ou humanitaire (ARH) revêt d’évidence un caractère discriminatoire. Dans plus de 80% des cas enregistrés sur OSCAR, les données biométriques concernent  des citoyens de l'Union européenne de nationalité roumaine ou bulgare et, de fait, des Roms.


La mise sur pied d’un arsenal juridique spécifique. Celui-ci veut limiter le droit au séjour (mesures d’éloignement étendues aux personnes résidant depuis moins de 3 mois sur le territoire), restreindre le droit de circulation (invention de la notion d’ « abus du droit de libre-circulation »), faciliter les évacuations des squats et terrains occupés de manière « illicite » et interdire la mendicité (arrêtés préfectoraux prévoyant la reconduite à la frontière des étrangers, européens ou non, pratiquant la « mendicité agressive »).

La multiplication des violences de tous ordres : stigmatisation, évacuations de terrain systématiques, brutales et suivies de la destruction des biens personnels, harcèlement policier attesté par de nombreux observateurs et par les victimes elles-mêmes.


Ces pratiques qui visent directement les migrants roms, concernent aussi les autres personnes qui, pour une raison ou pour une autre, vivent en situation de grande précarité. Les Roms seraient-ils les cobayes d’un dispositif anti pauvres en cours de construction ?
 

DE LA MARGINALISATION ACCRUE DES MIGRANTS ROMS A LA MOBILISATION DE LA SOCIETE CIVILE

Ces politiques à la fois discriminatoires et répressives autant qu'inefficaces ont des répercussions très néfastes sur les migrants roms qu’elles visent au premier chef.

A la stigmatisation s’ajoute en effet une précarisation accrue des conditions de vie, liée aux difficultés de plus en plus grandes pour accéder aux prestations sociales, aux évacuations à répétition et aux interruptions de suivi sanitaire, scolaire et social qu’elles impliquent, ainsi qu’aux difficultés voire à l’impossibilité effective d’accéder à l’emploi salarié à cause des mesures transitoires.

Ces situations dramatiques n’ont pas laissé la société civile indifférente.

Au contraire, des résistances se sont organisées. Grâce à la mobilisation citoyenne, des comités de soutien se sont créés et associés aux organisations humanitaires et de défense des droits pour apporter une aide régulière aux personnes en détresse, interpeller les pouvoirs publics et développer des projets d’insertion avec quelques collectivités locales volontaires.

Des solutions sont possibles dès lors que l'Etat réaffirme l'égalité des droits et propose un traitement adapté à chaque situation individuelle.


LES REVENDICATIONS PRIORITAIRES DE ROMEUROPE

Le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope rappelle que les Roms séjournant ou vivant en France en situation de précarité ont des droits auxquels il importe de leur donner un accès effectif, en arrêtant les pratiques, souvent abusives, qui les restreignent ou s’y opposent.


  • LEVER IMMEDIATEMENT LES MESURES TRANSITOIRES qui limitent l’accès au travail

  • SUPPRIMER LES PROCEDURES ADMINISTRATIVES ET JURIDIQUES comme la distribution d’OQTF motivées sur l’« abus de droit » QUI PORTE ATTEINTE AU DROIT AU SEJOUR

  • RENDRE, de ce fait,  EFFECTIF L’ACCES AU DROIT COMMUN

  • ARRETER IMMEDIATEMENT LES EXPULSIONS DE TERRAINS sans aucune proposition d’hébergement et prendre les mesures pour garantir un habitat digne

  • PERMETTRE UN ACCES PLEIN ET EFFECTIF A LA SCOLARISATION POUR LES ENFANTS roms vivant en squat et bidonville et assurer leur protection en application de la convention internationale de l’enfant signée par la France

  • GARANTIR L’ACCES AUX SOINS ET A LA PROTECTION DE LA SANTE : une attention particulière doit être accordée à la prévention, à la vaccination des enfants et au dépistage des maladies infectieuses et chroniques.



99ème Journée mondiale des migrants, 13 janvier 2013


Le message de Benoît XVI plaide pour l’intégration des migrants dans leur pays d’installation.



La question de l’aide publique au développement et du plaidoyer international


Les assises de la solidarité internationale organisées par le gouvernement actuel visent à dégager des recommandations pour rénover la politique française de l’aide au développement accusée de manquer de clarté, de cohérence, de continuité.

Le ministre du développement, Pascal Canfin reconnait le choix d’un budget stable malgré le non-respect par la France des fameux 0,7% du PIB : pour 2013 il est prévu à 0,46% et seulement 0,48% en 2015. En 2009 le chiffre était de 0,47%.

Mais le gouvernement actuel recourt aux mêmes artifices que son prédécesseur en incluant des dépenses qui ne devrait pas y figurer. Et de ce fait plusieurs députés de gauche et écologistes estiment de pourcentage réel à 0,37 !

Et encore pire, la fraction de 10% de la taxe sur les transactions financières qui devait être versée au Fonds de solidarité pour le développement attendra puisqu’elle n’atteindra son plein régime que dans trois ans.22

Voilà qui ne va pas contribuer au développement des pays du Sud, donc à la maîtrise des migrations.


Par ailleurs, selon le ministre du développement les assises de la solidarité internationale qui s’ouvrent et doivent durer six mois préciseront la loi de programmation pluriannuelle de l’aide indispensable pour la vision à long terme du développement.

La question de la transparence et de l’efficacité de l’aide sera aussi abordée.

Il est évident que la pauvreté des pays du Sud engendre des migrations et que de ce fait les efforts des ONG en matière de plaider sont indispensables, au sein des plateformes « Paradis fiscaux et judicaires » animée par le CCFD, « Publiez ce que vous payez » animée par le Secours catholique, « Contrôle des armes » qui travaille sur le traité sur le commerce des armes. Justice et Paix est là aussi fortement engagé, comme le sont les réseaux internationaux, CIDSE, Caritas, Justice et Paix Europe.



CONCLUSION


Le constat d’une contradiction indépassable à moyen terme (20 – 30 ans ?)23


D’un côté : des valeurs et des principes à défendre : l’accueil de l’autre, l’indispensable égalité et dignité de chacun dans la société.

Du même côté : une évidence que l’immigration se poursuivra. La démographie fera appel d’air. Un constat que les mesures de dissuasion provoquent la marginalisation et la précarité sociale et économique, créent de la pauvreté et des injustices, renforcent les peurs et le non-vivre ensemble.


De l’autre côté : une analyse réaliste qui indique qu’un non-contrôle et qu’une absence de limitation des arrivées provoqueraient probablement un afflux important (Maghreb, Afrique, Europe de l’Est, Asie) que les sociétés européennes ne pourraient assumer : ni sur le plan économique, ni sur le plan social, et encore moins sur celui de la tolérance de l’opinion.

Une ouverture sans contrôle peut provoquer une situation de chaos social : on ne peut évacuer ce risque.


  1. Constat d’une impasse

Une politique de contrôle et de dissuasion crée nécessairement des injustices, des atteintes aux droits fondamentaux, de la pauvreté et de la précarité

Une politique de contrôle et de dissuasion est cependant nécessaire, indispensable, incontournable.

Entre une politique de contrôle et une politique d’ouverture, il n’y a pas d’alternative. La recherche d’une politique de régulation qui ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux est un mythe, une utopie.

  1. Comment agir en prenant acte de cette impasse ?

Reconnaître aux pouvoirs publics le droit et la légitimité à mettre en œuvre des politiques de régulation, comprenant nécessairement des mesures restrictives sur les différents plans. L’Etat a la responsabilité de la cohérence générale de la société, de la gouvernance générale.

Mais agir auprès des plus faibles, donc des étrangers précarisés, pour défendre leurs droits, leur dignité, pour revendiquer l’égalité de traitement. Agir sur le plan de l’aide individuelle, comme sur celui de l’action politique, pour viser l’égalité de droits et de dignité, tout en sachant et en actant que ce n’est pas réalisable à court terme.

Une politique de régulation qui ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux est un mythe, une utopie, mais nous devons agir comme si cela était atteignable.

Nous devons accepter et travailler dans l’impasse.


  1. Rôle de contrepoids aux politiques publiques :

  1. Face aux pouvoirs publics

Donner la priorité à l’individu et à son devenir malgré les contraintes

S’opposer aux mesures et aux décisions qui affaiblissent et atteignent l’intégrité des personnes.

Convaincre les décideurs de corriger et de réduire les effets néfastes des mesures restrictives : si besoin combattre ces décisions, par l’opinion ou par le recours au droit.

Cela signifie être en tension avec les pouvoirs publics : tension positive. Faire toujours pression pour que l’intégrité de chaque personne soit préservée au mieux : intervenir, aider, critiquer, contester en justice, intervenir dans les médias. Mais ne jamais rompre les ponts avec les décideurs.

Garder toujours le dialogue ouvert : position globale d’acteur et de médiateur

  1. Face à l’opinion

Travailler l’opinion, les réseaux, pour combattre les réflexes de peur, de discrimination et de rejets.

A développer. La richesse des associations, des Eglises, des corps intermédiaires, ce sont les réseaux, multiples et divers dans leurs positionnements. Ils reflètent les contradictions de la société. Faire en sorte que ces contradictions permettent le vivre ensemble, la tolérance, l’agir ensemble, malgré les différences d’opinion et de croyances.

Ce travail doit / peut d’emblée diffuser dans la société, d’abord avec les mouvements proches.

  1. En partenariat

Des associations ou des mouvements s’opposent de façon virulente, de façon ou plus ou moins radicale aux politiques restrictives : c’est normal et cette opposition a son utilité. Mais il faut garder le dialogue et la proximité avec des mouvements qui expriment une révolte face à l’injustice. Cette expression « radicale » peut et doit garder son rôle d’alerte de la société.

Des associations ou des organisations participent et prennent leur part à la mise en œuvre des politiques publiques : ces « opérateurs » ont aussi leur utilité et doivent poursuivre leur action de telle sorte que les politiques publiques soient mises en œuvre de la façon la plus humaine et la plus juste possible. Les associations caritatives sont souvent instrumentalisées par les opérateurs qui ont besoin d’elles pour compléter ce qu’ils ne réussissent pas à faire, ni en dépendre.

  1. Au sein d’alliances stratégiques

Quelques grands mouvements associatifs sont proches : ils reposent et sont l’expression d’ un courant de la société dépassant le seul cadre de leurs membres ; ils disposent de ressources propres qui leur assurent une certaine liberté d’actions et de parole ; ils rassemblent des moyens humains salariés et bénévoles qui leur offrent une capacité d’action et d’intervention significative ; ils partagent des valeurs proches : Cimade, Emmaus, Secours catholique, CCFD, ATD, Amnesty, Secours Populaire, MDM, Pastorale des migrants, Justice et Paix et quelques autres.

Ces mouvements, aux positionnements proches, peuvent être désignés comme des partenaires stratégiques principaux.

Face aux enjeux : culturels, sociaux, politiques : une action ou une stratégie partagée est à construire : tant face à l’opinion, aux pouvoirs publics, que dans l’action concrète avec les personnes exclues et frappées par les injustices ou la pauvreté.



D.V.


***

1 L’espace de Schengen institutionnalisé par le traité d’Amsterdam de 1997 permet la libre circulation des ressortissants des Etats-membres et prévoit en contrepartie une coopération policière et judiciaire poussée, notamment en matière de lutte contre l’immigration clandestine.

Cette coopération s’est traduite par la création de l’agence européenne FRONTEX. Basée à Varsovie, elle a été créée par décision du Conseil le 26 octobre 2004. Elle est entièrement dédiée à la lutte contre l’immigration clandestine. C’est un organisme indépendant rattaché à la Commission européenne. Les missions de l’agence sont de coordonner et de soutenir la coopération opérationnelle entre les États membres en matière de gestion des frontières extérieures, de les assister pour la formation des garde-frontières nationaux, d’effectuer des analyses de risques, d’organiser des opérations conjointes de retour des clandestins dans leurs pays d’origine.

La Marine participe depuis 2006 aux opérations maritimes les plus importantes et situées dans les zones les plus sensibles : POSEIDON en mer Egée, HERMES au sud de la Sardaigne, NAUTILUS/CHRONOS entre Malte et la Libye, INDALO/MINERVA entre l’Espagne et le Maghreb, HERA en Atlantique/Canaries.

Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 annonce explicitement le soutien de la France aux opérations de FRONTEX. Cette volonté politique se double d’un souhait d’une action commune des moyens civils et militaires au niveau européen. En national, cela se traduit par une coordination interministérielle des moyens maritimes sous l’autorité du Secrétariat général pour la mer.



2 En France, les centres de rétention administrative (C.R.A.) sont utilisés pour retenir les étrangers auxquels l'administration ne reconnaît pas le droit de séjourner sur le territoire français et a décidé de procéder à leur éloignement forcé[1]. Ils sont retenus pour organiser leur voyage vers un pays qui accepte de les recevoir, le plus souvent celui dont ils ont la nationalité.

Les étrangers présents dans les CRA peuvent, dans certaines conditions, exercer des recours devant la justice pénale ou administrative pour contester leur placement en rétention ou leur refus de séjour. Pour exercer leurs droits, ils peuvent être assistés par une association présente dans le CRA, ou un avocat. Ils peuvent être maintenus dans un CRA quarante-cinq jours au plus, si un Juge des libertés et de la détention l'autorise.

Il existe également des locaux de rétention administrative (L.R.A.), destinés à recevoir très temporairement des étrangers au-delà d'une garde à vue en attendant leur transfert dans un CRA ou leur éloignement. Les étrangers qui arrivent sur le territoire et que l'administration refuse d'admettre en France sont eux maintenus dans des zones d'attentes, juridiquement distinctes des CRA.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_de_r%C3%A9tention_administrative_en_France




3 Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex)

L'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'Union européenne a été créée par le règlement (CE) n° 2007/2004 du Conseil (du 26 octobre 2004, JO L 349 du 25.11.2004).

FRONTEX coordonne la coopération opérationnelle entre les États membres en matière de gestion des frontières extérieures, assiste les États membres pour la formation des gardefrontières nationaux, y compris dans l'établissement de normes communes de formation, effectue des analyses de risques, suit l'évolution de la recherche dans les domaines présentant de l'intérêt pour le contrôle et la surveillance des frontières extérieures, assiste les États membres dans les situations qui exigent une assistance technique et opérationnelle renforcée aux frontières extérieures et fournit aux États membres l'appui nécessaire pour organiser des opérations de retour conjointes





4 Le Monde, 4 & 5 novembre 2012



5 Le Monde, 25 octobre 2012



6 La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) met en place un cadre global de l'effort intergouvernemental pour faire face au défi posé par les changements climatiques. Elle reconnaît que le système climatique est une ressource partagée dont la stabilité peut être affectée par les émissions industrielles de CO2 ainsi que les autres gaz à effet de serre. Selon la Convention, les gouvernements:




7  Justice et Paix, CCFD, Secours catholique, DCC, Ceras, etc, 2012




8 Immigration. Pourquoi les chrétiens ne peuvent de taire. François Souage & Geneviève Médevielle, Les Editions de l’Atelier, 20121



9 Bruno Bouvet dans La Croix, 7 novembre 2012




10 La Croix, 6 novembre 2012



11 Ibid.



12 Ibid.



13 Migrations internes et internationales, Agence française de développement, 2010 – 2013.



14 Alternatives économiques, novembre 2013



15 INSEE, Immigrés et descendants d’immigrés en France, édition 2012



16 Alternatives économiques, Les chiffres de l’économie 2013



17 Le Haut Conseil à l’intégration créé en 1989 a pour mission de "donner son avis et de faire toute proposition utile, à la demande du Premier ministre sur l’ensemble des questions relatives à l’intégration des résidents étrangers ou d’origine étrangère». Il prépare le Comité interministériel à l’intégration.

Le Haut Conseil a élargi ses missions à l’animation du débat public. Le décret du 31 mars 2006 élargit les missions du HCI. Il contribue notamment à la préparation et au suivi du comité interministériel à l’intégration. Il organise et anime des échanges publics sur les questions d’intégration, sur le plan européen et international.




18 Réforme, 28 juin 2012



19 Patrick Peugeot, Semaines sociales de France, novembre 2010



20 14 accords de gestion concertée ont été signés avec des États africains, mais aussi avec des pays des Balkans ou encore avec la Russie. 9 ont été ratifiés. Le gouvernement français s’est fixé un objectif de 20 accords signés d’ici à 2013. Bien qu’il existe une distinction formelle, les chiffres de l’aide publique française au développement attribuée à un pays qui a signé un accord de gestion concertée, comparés à ceux d’un pays qui refuse de signer, parlent d’eux-mêmes : ainsi, le Sénégal a reçu 146 millions d’euros entre 2008 et 2009 et le Mali seulement 78 millions d’euros pour la même période



21 La traite et l’exploitation des êtres humains en France, CNCDH, 2010



22 La Croix du 6 novembre et Le Monde du 14 novembre 2012



23 A partir d’un document de travail interne du Secours catholique de juillet 2012



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