La Charité en actes


« Aimer son prochain est aussi une route pour rencontrer Dieu », selon l’encyclique Deus Caritas est (n.16) qui d’abord approfondit l’amour de Dieu et aborde ensuite la pratique ecclésiale de l’amour pour le prochain.
Pris parmi d’autres, quatre concepts de cette théologie de la charité s’incarnent dans la pratique des Eglises locales et d’acteurs tels que les membres du réseau de Caritas Internationalis.


Charité organisée

A de multiples reprises le texte y revient de façon concrète : rôle de coordination des évêques, subventions des pouvoirs publics, dégrèvements fiscaux. Le soutien apporté aux activités et efforts de la société civile permet à sa solidarité de dépasser de manière significative celles des individus (n.30 & 32).

A Goma au Congo, des bénévoles des paroisses parcouraient les camps de réfugiés rwandais à la recherche des malades et des personnes âgées pour leur apporter de la nourriture car ils étaient incapables de se rendre dans les lieux de distribution : bonnes volontés à organiser. Les organisations humanitaires, caritatives et d’action sociale ou médicale savent combien il est important d’être structuré pour être efficace. Cette « gestion » de la charité rejoint les appels à une bonne gouvernance venant tant des financeurs publics que de l’opinion publique elle-même. En France le « Comité de la charte des organisations faisant appel à la générosité du public » ou la Cour des Comptes jouent un rôle déontologique important.

Dans le domaine des qualités des salariés et bénévoles l’encyclique insiste sur la compétence technique et met l’accent sur la « formation du cœur ». Le pape encourage la réflexion pour dépasser le stade du vécu, de l’événement, des expériences quotidiennes. Pour Caritas, rencontrer des personnes ne se fait pas uniquement par l’aide matérielle indispensable mais profondément par l’engagement personnel, le dialogue, le regard et la parole échangée.

Caritas Russie vient ainsi d’organiser pour les membres de ses équipes une formation à l’enseignement social de l’Eglise avec le Cardinal Renato Martino, Président du Conseil Pontifical Justice et Paix.


Charité sociale

« L’Eglise ne peut rester à l’ écart de la lutte pour la justice » (n.28).
En matière de plaidoyer international le réseau Caritas a mis l’accent ces dernières années sur la question du commerce juste, et dans ses relations avec les institutions financières internationales sur la participation des plus pauvres, la lutte contre la pauvreté et son lien avec l’annulation de la dette au profit du développement humain durable, l’idée du développement adapté à chaque pays par des processus bien spécifiques ,la taxation internationale et sa redistribution.
En Colombie, c’est le thème de la paix juste et négociée qui est mis en avant.



Pas de prosélytisme

La mise en garde est claire à l’égard de ceux qui confondraient action caritative et annonce de la Foi (n. 31). Le réseau Caritas est bien placé pour voir les effets dévastateurs de la confusion. En Thaïlande, sur les côtes frappées par le tsunami, les activités ambiguës d’organisations fondamentalistes protestantes compliquent son travail. Des tribus de « gitans de la mer » les ont chassées après avoir compris leurs manœuvres. Et il a fallu ensuite des mois à Caritas pour créer un climat de confiance et engager des programmes de reconstruction. Et en Indonésie la vie d’agents de Caritas fut menacée par des personnes les prenant pour des prosélytes.


Coopération œcuménique et inter religieuse

La pape se réjouit de ces collaborations et y appelle (n.30 & 31).
L’exemple de la République démocratique du Congo met en évidence les interventions de multiples acteurs dans un pays en crise. Depuis 1998 quatre millions de personnes sont mortes du fait des guerres et de leurs effets humanitaires.
Un processus démocratique s’est engagé avec le soutien des Nations Unies. De nombreux Etats ont participé à son financement et à des programmes politiques, économiques et sociaux.

La Banque mondiale, elle, est engagée dans 8 projets s’élevant à un milliard trois cent millions de dollars.
Le réseau Caritas, lui, soutient les activités de l’Eglise au Congo : urgence, sécurité alimentaire, développement, santé, Sida, les jeunes, la démobilisation des enfants soldats et l’éducation voire la campagne de plaidoyer contre le viol comme arme de guerre.
En lien étroit avec les autres organisations de la société civile, les autres Eglises et confessions religieuses, l’Eglise catholique dont « Justice et paix » a participé au dialogue inter congolais, a animé de multiples formations à la démocratie, à l’inscription sur les listes électorales et à la vulgarisation de la constitution.

L’action de l’Eglise est reconnue comme respectueuse de la démocratie. Elle le dit elle-même dans son matériel de formation « L’Eglise marche avec le peuple et n’a pas de candidat aux élections ».
Caritas est souvent un lieu d’œcuménisme et de dialogue inter religieux en actes, associant des hommes et des femmes de bonne volonté de toutes confessions et religions ou collaborant avec eux.