La Croix donne la parole, en alternance, à un partisan et à un opposant à la Constitution. Pourquoi OUI? Denis Viénot Président de Caritas Europa


je vais voter "oui", mais en réalité un peu à contrecœur. Essentiellement parce que l'Europe que l'on nous propose recèle deux zones d'obscurité importantes à mes yeux. Une obscurité territoriale: on n'a toujours pas clarifié la question du territoire européen avec, au-delà de la Turquie, la volonté de l'Ukraine, par exemple, d'entrer elle aussi dans la Communauté européenne. Et une obscurité thématique: nous voyons se dessiner une Europe très libérale, voire trop libérale, par rapport à tous les systè¬mes de protection sociale qui existent dans notre pays, mais aussi en Allemagne ou au Bénélux... Cela étant, et malgré ces deux zones d'obscurité, je voterai "oui". Parce que je pense que, fondamentalement, l'Eu¬rope est une machine à cliquets, qui avance lentement, mais qui avance toujours, ou plutôt disons qu'elle ne recule jamais. Ce qui signifie que si le "non" l'emporte, ce ne sera pas un drame absolu : on perdra un peu de temps mais on ne reviendra pas en arrière et, un jour ou l'autre, la machine sautera un nouveau cliquet. Mais, en attendant, il faut avoir clairement à l'esprit que voter " non " c'est risquer de redonner la main à des ten¬dances libérales encore plus fortes que celles d'aujourd'hui. Et ça, c'est un vrai risque.»

RECUEILLI PAR FLORENCE COURET