Le combat mondial contre la pauvreté


Le Président de la Commission européenne, M. Barroso, vient de diffuser un document préparatoire pour le prochain sommet de printemps des chefs d'Etats et de gouvernements de l’Union européenne. Mettant à jour la stratégie de Lisbonne de l'année 2000 et son approche globale de l'économie européenne qui intégrait des perspectives spécifiques de politique sociale et de lutte contre l'exclusion, il les marginalise tout en abordant cependant la modernisation des systèmes de protection sociale - retraite et santé- et la création d'emplois. Cette position libérale se retrouve dans l’Agenda Social européen pour la période 2005 – 2010 que la Commission vient de publier. La cohérence est parfaite avec le travail de son Président : la croissance et l’emploi sont le cœur de la proposition, la cohésion sociale et la lutte contre l’exclusion sont des parents pauvres, si ce n’est, par exemple, l’évocation fugace d’une étude d’un mécanisme généralisé de revenu minimum.

Ces déclarations et perspectives déclenchent les protestations des ONGs. La Plate forme sociale européenne – dont Caritas Europa est membre avec une quarantaine de réseaux européens - déclare ainsi que par l'abandon des objectifs sociaux et environnementaux de l'agenda de Lisbonne "l'Union européenne accroît le manque de confiance entre ses institutions et les citoyens. (…) Il suffit d’observer le modèle américain pour voir qu’il n’y a pas de lien automatique entre une économie forte et une société où règnent la cohésion et l’inclusion sociale." Cela ne manque pas d'inquiéter au début d'une année 2005 si importante en matière de solidarité intra et extra européenne.

Un autre rendez-vous concerne en effet le financement de l'Union européenne elle-même. Si la règle théorique adoptée par les Etats limite son budget à 1,24% de la richesse globale produite chaque année, la pratique récente le situe à un peu moins de1% et c'est justement ce niveau là que ne veulent pas dépasser certains de ses plus importants contributeurs comme la France ou l'Allemagne. Et il serait bien utile d'intégrer aux débats la question du financement du développement des pays du Sud, d'une part au sein même du budget européen - l'aide communautaire devrait être centrée sur l'éradication de la pauvreté, les droits humains et le développement démocratique - et d'autre part dans la mise eu œuvre des engagements pris en matière d'aide publique au développement: alors que selon les Nations Unies l'objectif à atteindre est de 0,7% du PIB, l'Union européenne et ses membres ont pris l'engagement de ne dépenser collectivement que 0,39% en 2006.

Mauvais signe quand 2005 va être l'année du rendez-vous de la première évaluation des objectifs de développement du millénaire qui visent à une réduction de moitié de la pauvreté dans le monde d'ici à 2015. Un sommet des Nations Unies traitera du sujet en septembre.

Ce même mois le G8 a rendez-vous en Ecosse. La Grande Bretagne met à l'ordre du jour la coopération avec l'Afrique et son développement. Elle vient déjà d’impulser des perspectives d’annulation de dettes.

Autre rendez-vous, celui de l'évaluation mondiale de la stratégie du micro crédit et de la micro finance. Un moment fort car le micro crédit et l'épargne populaire sont devenus dans le monde entier, au Nord comme au Sud, des instruments efficaces de lutte contre la pauvreté. Même dans des situations d'urgence comme celle créée par le tsunami asiatique de décembre 2004 des prêts permettront de financer des activités économiques, pêche et artisanat par exemple.

2005 verra aussi la révision des résultats et des engagements en matière de droits des femmes suite à la conférence de Pékin d'il y a dix ans et en matière de population suite à celle du Caire.

L'année se terminera à Hong Kong avec le rendez-vous des négociations organisées par l'Organisation mondiale du commerce. L'Union européenne a déjà fait savoir qu'elle acceptera de revoir à la baisse ses subventions aux exportations agricoles. Le faire immédiatement sera utile pour lutter contre la pauvreté dans les pays du Sud.

Entre temps l’OMC aura célébré au printemps, à Genève, son dixième anniversaire par un symposium qui traitera du commerce et du développement, de l’accès aux marchés pour les produits non agricoles, du commerce et de l’environnement.

D'ici là les ONGs du monde entier auront lancé le premier juillet la campagne mondiale contre la pauvreté. Elle stimulera les efforts des Etats. Pour s’engager et signer contre la pauvreté un symbole unique est proposé: porter sur soi un signe blanc, bracelet, foulard, bandana, écharpe, ruban ou tout ce que chacun pourra imaginer.