Vie difficile au Kosovo La Croix 25 avril 2002



Globalement l'ambiance est moins crispée dans la région. Par exemple en Yougoslavie l'accord entre la Serbie et le Monténégro, facilité par Javier Solana pour l'Union européenne, assure trois ans de calme et de réflexion au nouvel état qui sera principalement responsable de la politique étrangère et de la défense.

Au Kosovo le nouveau Président et le nouveau Premier Ministre, modérés, sont maintenant en place mais le futur statut international est loin d'être clair. La sécurité s'est améliorée pour la majorité de la population albanaise, moins de crimes par exemple. Mais la liberté de déplacement n'existe pas pour les minorités serbe ou tzigane.

La production industrielle est quasi nulle. Selon la Banque mondiale 50% de la population vit dans la pauvreté absolue : moins de 1,57 euro par personne et par jour !

La famille type subissant une telle situation se compose de sept personnes, les parents, beaucoup d'enfants et une personne âgée. Vivant en zone rurale elle a été déplacée au moins une fois pendant le conflit et est maintenant de retour chez elle. Le chef de famille a cinquante ans et un faible niveau d'éducation. Il travaille dans l'agriculture, cultivant moins de un hectare sans équipement consistant.

Les enfants albanais et serbes sont presque tous scolarisés en primaire ; ceux des minorités ethniques, tziganes principalement, ne le sont qu'aux trois-quarts. En secondaire trois quarts des garçons albanais sont scolarisés et la moitié seulement des filles.

Se faire soigner coûte cher car il n'y a évidemment aucun système de sécurité sociale.

La Banque mondiale ne voit pas d'autres moyens de lutte contre la pauvreté qu'une croissance économique basée sur des réformes structurelles organisant la transition vers une économie de marché. Mais les effets seront longs à venir pour les pauvres. Il faudra donc, pour lutter contre l'extrême pauvreté, développer l'emploi non agricole, faciliter l'accès à la terre pour les foyers très pauvres déjà engagés dans l'agriculture, mettre en place un système de protection sociale et améliorer l'éducation.

La situation des minorités ethniques a, elle, peu progressé. L'usage d'une langue minoritaire est périlleux. La discrimination économique reste un problème. L'accès aux services publics -santé, éducation ou services sociaux - est difficile. Les tziganes sont en grande partie analphabètes.

On parle beaucoup du retour des minorités mais des familles tziganes originaires du Kosovo et rencontrées mi-avril à Novi Sad en Yougoslavie au nord de Belgrade n'imaginent pas de revenir tellement elles ont eu peur et ont encore peur ; d'ailleurs leurs maisons de Mitrovica ont été détruites à 100% par des Albanais en 1999.

Le réseau Caritas poursuit son travail : reconstruction de maisons, agriculture, projets sociaux et économiques.

Les orientations complémentaires d'action pour les trois années à venir tournent principalement autour du retour des réfugiés et des minorités - construction de maisons et projets sociaux et communautaires-, autour des enfants et des handicapés en poursuivant par exemple les programmes du Secours catholique ou de Caritas Italie pour les jeunes, autour de projets économiques créateurs d'emplois et de revenus.

Ainsi le programme d'importation de bovins autrichiens, 500 "Grises du Tyrol" à ce jour, plus des constructions d'étables et des formations adaptées, est-il selon son promoteur principal, Caritas Suisse, un moyen " de voir les villages reconstruits reprendre vie."