Ne pas nourrir d’autres désespoirs
La Croix 21 septembre 2001



Après les attentats odieux du 11 septembre 2001 à New York et Washington, le monde retient son souffle dans l’attente de la vengeance américaine soutenue par l'Otan.

Elle devrait très vraisemblablement avoir lieu. Et ce sera une grossière erreur de plus. Elle engendrera d'abord des drames et des horreurs, puis de nouvelles rancœurs et de nouvelles haines.

Or cet enchaînement infernal ignore un fait tout simple: le fondamentalisme et le terrorisme ne naissent pas tout seuls. Ils ont des causes.

Et la principale, c'est la pauvreté. La pauvreté qui nourrit le fondamentalisme ; le fondamentalisme qui nourrit l’essentiel du terrorisme.

On ne détruira pas le terrorisme et le fondamentalisme par des missiles ou des débarquements. Cela tuera et ne fera que nourrir les désespoirs.

La seule voie à suivre c'est le développement des peuples. Cela comprend la justice économique et sociale, la justice politique.

Il faut donc immédiatement négocier et mettre en place un nouveau plan Marshall pour le Moyen Orient et les pays les plus pauvres. Un plan massif d’aides tous azimuts. Un plan à organiser sous l’égide de l’ONU ou de l’OTAN si l’on préfère : Georges Marshall était bien en 39-45 le Chef d’état-major de l’armée américaine devenu Secrétaire d’Etat du Président Truman

La démocratie suivra en quelques années si nous sommes ensuite capables, dans un contexte économique et social assainit d’entrer dans de nouvelles perspectives et dans un dialogue inter idéologique et inter religieux. La montée du fondamentalisme est générale, en Occident comme dans l’Islam, l’Hindouisme ou le Bouddhisme. La si longue crise indo-pakistanaise au Cachemire ou l’atroce guerre civile du Sri Lanka en sont des preuves manifestes.

Pour financer ce plan courageux et moral, commençons déjà simplement à respecter les engagements pris : affecter 0,70% des PNB des pays riches à l’aide internationale. Quelques rares pays européens le font, pas la majorité ; pas la France, ni les Etats Unis d’ailleurs. Plus grave encore, le pourcentage global est en baisse ces dernières années : 0,33% en 1992, 0,24% en 1999.

Nos pays auront-ils le courage de retenir leurs coups pour construire la paix?

Denis Viénot
Président de Caritas Europa