CARITAS EUROPA
LA MISSION DE CARITAS
SYNODE DES EVEQUES
Deuxième assemblée spéciale pour l’Europe
ROME, octobre 1999.
Cf. Instrumentum laboris : 71-77 ; 82-84


En 1989, lors de la chute du mur de Berlin, les Caritas d'Europe étaient une vingtaine. Aujourd'hui, 49 Caritas agissent dans 45 pays, du Portugal à la Russie, de la Finlande à la Turquie.

A l'image des pays européens et des Eglises européennes, ces Caritas diffèrent par leurs contextes, leurs priorités, leurs méthodes de travail et leurs organisations. Cependant unies par la volonté de témoigner en actes de la charité, elles veulent tant contribuer à donner une âme à l'Europe que mettre cet esprit au service du monde.

Dans notre région de métissage entre les peuples, elles sont en effet des acteurs d'unité par leurs engagements pour la charité créative, la solidarité, la justice et la fraternité avec le prochain proche et le prochain lointain.

Les Caritas d'Europe centrale et orientale sont maintenant engagées comme les autres dans tous les domaines de l'action sociale et de la santé, souvent du développement, avec un objectif de réelle promotion des personnes et des communautés allant bien au delà des sporadiques et parfois nécessaires distributions de pain, de médicaments ou de couvertures.

Une des orientations du plan stratégique de Caritas Europa, le rassemblement des Caritas de l’Europe, concerne le renforcement de l'influence politique, de l'action de plaidoyer, à l'égard des institutions européennes particulièrement au sujet des questions sociales et des migrations, et dans le domaine de la coopération au développement des pays du Sud en lien avec Caritas Internationalis.

Au plan européen cela se fait et se fera en harmonie avec le Conseil des Conférences Episcopales d'Europe et avec la Commission des Conférences Episcopales des pays de l'Union européenne, tout comme au plan national une Caritas le fait en concertation avec ses évêques.

La place faite à l'exercice de la charité, comme celle qui y est faite à la Caritas entre autres, construit en de nombreux domaines l'Eglise définie par Vatican II :

- La place dans une Caritas des laïcs, particulièrement des femmes, et les responsabilités exercées sont révélatrices de leur place dans la vie de l'Eglise.

- La collaboration d'une Caritas avec les autres Eglises, protestantes et orthodoxes, est révélatrice du fonctionnement concret de l'œcuménisme ; cette collaboration construit – pour sa part – l’unique Eglise.

- La collaboration d'une Caritas avec la société et ses institutions révèle la place de l'Eglise dans la société démocratique qui proclame sa volonté d'éradiquer la pauvreté, révèle une Eglise au service de la famille humaine.

- La mission confiée à une Caritas par son Eglise révèle la volonté de cette dernière de faire en son sein une vraie et digne place aux pauvres, d’être une Eglise des pauvres.

Caritas constitue en effet souvent pour de très nombreuses personnes le seul lieu de contact avec l'Eglise, le seul lien. C'est vrai pour des pauvres, bénéficiaires et acteurs avec Caritas ; c'est vrai pour des collaborateurs salariés et bénévoles ; c'est vrai pour nombre de personnes du grand public. Pour certains la porte de l'Eglise est trop difficile à franchir ; Caritas peut leur permettre d'y rentrer par la fenêtre, d'y avoir une place à part entière.

La mission de Caritas se décline en lien avec son essence ecclésiale selon plusieurs modes :

- Dans un monde médiatique le rôle social de l’Eglise est valorisé et lui donne une visibilité perçue positivement dans les sociétés libérales européennes.

- L’Eglise n’est pas un groupe parmi d’autres, à respecter comme d’autres dans une société démocratique, mais théologiquement elle est le rassemblement de ceux qui marchent à la suite du Christ et qui comme lui donnent leur vie au service de leurs prochains.

- La proposition de la foi consiste aussi en un témoignage de la charité, de la solidarité et de la promotion de la justice dans la société, y compris dans la volonté de transformation des structures injustes de cette société.

- Face à l’effacement du Christ dans les grands lieux de souffrance de notre époque les chrétiens témoignant en actes sont le visage du Christ. Un mystique rhénan anonyme du XIV siècle écrivait : “ Christ n’a pas de mains ; il n’a que nos mains pour faire son travail d’aujourd’hui ”.

Caritas Europa émet deux vœux à l’intention du Synode des Evêques :

- La situation étant grave dans de nombreux pays du Sud et particulièrement en Afrique, le Synode pourrait manifester la solidarité de l'engagement de l'Eglise universelle envers les peuples de ce continent, si gravement touchés par des drames naturels ou politiques, par la pauvreté ou les migrations, alors que de nombreux potentiels de développement y sont en jachère.

- Les peuples et les sociétés européennes souffrant des graves injustices qui frappent les plus pauvres - que l’on songe entre autres aux effets du chômage généralisé, à la situation des femmes seules avec enfants ou à celles de tant de migrants -, le Synode pourrait mettre l’accent sur l’engagement des Eglises d’Europe dans la transformation des structures injustes de ces sociétés.

Denis Viénot
Président de Caritas Europa