«Pour que chacun ait sa place dans notre société»

Le secrétaire général du Secours catholique, sur le départ,
réaffirme ses convictions pour ce mouvement

Midi moins sept
Le jour du Seigneur
INVITE
Denis Viénot Secrétaire général du Secours catholique


Frédéric Meunier : Vous venez de passer sept ans à la tête du Secours catholique, que vous allez quitter très prochainement. Faut-il travailler « pour » les pauvres et leur donner ce qui leur manque ou faut-il travailler « avec » eux pour modifier le système ? Quelle est votre conviction?
Denis Viénot : Il faut tenir les deux bouts de la chaîne. Dans certaines situations, l'urgence est absolument indispensable. Mais il faut l'inscrire dans une action à plus longterme. Le mot clé, c'est la promotion, c'est le développement. Tel est l'enjeu auquel le Secours catholique est confronté aujourd'hui : comment conjuguer réponse immédiate et l'essentiel, c'est-à-dire la construction des personnes dans la durée.

— Cela suppose de participer à des combats politiques, des luttes sociales. Avec vous, le Secours catholique n'a pas hésité, ces dernières années, à prendre la parole.
— Cette politique non partisane suppose de s'associer concrètement avec les personnes en difficulté, pour avancer ensemble. Et de réfléchir sur la transformation d'une société. Est-il légitime qu'en France, près de douze millions de personnes soient à la marge de la société ? Nous disons que ce n'est pas acceptable. Le Secours catholique analyse les situations concrètes dans lesquelles vivent ces personnes. Peu à peu, grâce à nos bénévoles, qui travaillent avec ces personnes en difficulté, nous pouvons interpeller les pouvoirs publics, les élus, pour que les choses changent. Comme l'a souvent écrit Jean-Paul H, évoquant l'action nécessaire de transformation de la société au bénéfice de tout le monde, je crois que notre travail, ce n'est pas de faire de la politique partisane, mais de faire de la politique, au sens le plus noble du mot, pour que chacun ait sa place dans notre société.

— Tel est bien l'objectif de la loi contre l'exclusion qui vient d'être votée en première lecture au Parlement. Le Secours catholique a participé très activement à son élaboration. Suffit-il d'une loi pour,faire disparaître l'exclusion de notre société d'abondance ?
— Cette loi prévoit des dispositifs nouveaux dans le domaine du logement, de l'emploi, du surendettement. Elle propose aussi un programme d'action. Mais elle n'est pas un parachute qui tombe du ciel. Il y a une volonté aujourd'hui de la société française. Lors de la dernière élection présidentielle, MM. Chirac, Balladur et Jospin avaient dit à peu près la même chose sur le sujet. Ce phénomène de société dépasse les partis et nécessite que tout le monde retrousse ses manches.

— Vous allez quitter vos fonctions de secrétaire général, mais vous restez au Secours catholique...
— À un certain âge, j'ai fait un choix. Aujourd'hui, je n'ai pas envie d'en changer.