« Grain de sel » est une rubrique mensuelle du journal Messages tenue par Denis Viénot durant la période 1991 à 1998.


Des volontaires africains pour l’Afrique !

Kakuma : un camp de réfugiés du Sud-Soudan, principalement. C'est au Nord du Kenya. 40 000 personnes dont 65 % ont moins de 18 ans. La Fédération luthérienne mondiale qui gère le camp a mis en place 260 classes pour 14 500 élèves de niveaux primaire et secondaire. C'est peut-être la plus grande école du monde!
Des prêtres salésiens y ont créé une école technique avec leur efficacité habituelle: métiers du bois, maçonnerie, agriculture et bientôt travail des métaux. Le Secours Catholique la soutient pour l'aménagement des locaux, les achats d'équipements et d'outils.
200 élèves de 18 à 26 ans y sont encadrés par des professeurs souvent plus jeunes qu’eux: des diplômés, volontaires Kenyans, ayant été formés dans une école technique salésienne proche de Nairobi. Ils ont choisi de s'engager dans cette région brûlante et poussiéreuse et sont rémunérés par l'administration du camp.
Le directeur de l'école, un salésien italien devenu sage africain, insiste: « Des volontaires africains pour l'Afrique! » Dans deux ans les meilleurs élèves soudanais iront à leur tour ouvrir une école technique au sud-Soudan.
Cette région martyrisée par les guerres a un besoin immense de cadres. Les Eglises et les organisations locales veulent participer à la reconstruction du tissu social. La chaîne des volontaires africains y contribuera.

L’état et nous.

À deux ans d'intervalle, le même haut fonctionnaire a fait la même déclaration, à un représentant du Secours Catholique : « Lorsque l’état ne peut plus répondre à toutes les situations - et il ne peut pas répondre à toutes les situations - c'est le boulot du caritatif. Si vous ne voulez pas le faire, changez de métier! »
Deux commentaires :
~ Si l'Etat ne peut plus répondre à toutes les situations, il doit d'une part se réorganiser et d'autre part faire en sorte que sa politique et celles des collectivités locales créent moins de problèmes: le logement social par exemple.
~ Les bénévoles ne changeront pas de métier. Ils ne sont pas les supplétifs de l'Etat. Les associations caritatives ont une légitimité de volontariat compétent qui les pousse à agir, à proposer et à vouloir un vrai partenariat.

Public-privé

Dans une école privée, les animateurs de catéchèse se demandaient comment éveiller les jeunes de 4e à la solidarité. Dans une maison de retraite publique, un prêtre se demandait comment créer des relations entre les personnes âgées et des jeunes.
Un jour, un des animateurs rencontra le prêtre. Une idée germa: des cadeaux personnalisés au moment de Noël. Au début, il n'y eut pas de vrai contact entre jeunes et personnes âgées: il fallait s'apprivoiser.
Maintenant, outre la continuité des cadeaux, il y a échange régulier: les personnes âgées pouvant se déplacer viennent un moment avec les enfants qui à leur tour, vont une fois par mois, à tour de rôle, partager un repas à la maison de retraite.
Et là, c'est l'accueil de tous: personnes âgées, animateurs, infirmiers, aides-soignants, chefs de service, directeur, personnels de service. A chaque fois, la salle à manger est bousculée et le repas traditionnel se change en buffet. Les cuisiniers sont ravis. Une fois par mois!
Et tout cela dans un service public que l'on dit rigide!